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Mes virées, mes carnets...Bienvenue chez moi. C'est-à-dire nulle part.

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 15:03

Est-il passé? Est-ce bien fini?

 

Une chose qu'on aime en vieillissant, c'est de jouer les vieux cons. Pensez-y un seconde : un jeune ne dit pas "de mon temps". Il s'en fout bien, de son temps, puisqu'il le vit. Un vieux parle du bon vieux temps, un temps bien meilleur que le temps présent, puisque c'était le sien. Et son temps, qu'est-ce que c'était? Son temps de jeune, c'est-à-dire le temps où il n'avait pas encore de passé. Le bon vieux temps, c'est le temps où l'on n'avait que du présent. 

 

De mon temps, donc, il n'y avait déjà plus d'écrivains voyageurs. J'entends par là que des voyages, il n'y avait plus lieu d'en faire, puisqu'on était déjà allés partout. Et depuis un moment encore. Bien sûr, google earth ne nous avait pas encore fait remarquer les angles morts, et on ignorait encore une touffe d'arbres ici, une tribu là... Mais sinon, l'essentiel était fait. Les pôles, les fonds marins, les déserts, et la plupart des pics et monts. Quant à l'humain, les gens d'ailleurs qui ne sont décidément pas de chez nous, la cartographie (encore moins précise que l'autre) en était établie et remise à jour au gré des modes et des tocades. Telle ou telle culture vient et passe de mode comme autant de sous-pulls à cols roulés. 

S'il n'est plus besoin d'explorer, est-il besoin de voyager? 

Sans doute. Après tout, reste le tourisme. Qu'on ne s'y trompe pas, je dois bien m'inclure dans la liste. Ce n'est pas parce qu'on voyage sans groupe qu'on n'en demeure pas un touriste. Un touriste, c'est le type qui passe bien après le coup de machette, le caillou concassé, l'étayage, l'épandage de goudron et le coup de peinture blanche qui permet de passer sans se griffer les joues aux églantiers. 

Et moi, figurez-vous, je n'ai jamais eu à jouer de la machette (même si une fois au moins, j'ai bien regretté finalement de n'en avoir pas). Si je ne suis pas explorateur, je suis touriste. Soit. 

 

A-t-on encore besoin de récits de voyage? Qu'est-ce qui sépare le récit de voyage du journal intime, du carnet de route, et maintenant du blog? Rien ou presque. Un carnet commence au bouclage de valises, et s'achève dans la machine à laver (si on oublie de sortir le carnet de la poche de pantalon épaisse de poussière et de transpiration). Un blog ne s'arrête jamais. Ou du moins peut-il ne s'arrêter jamais. J'ai commencé ce blog en y entassant mes archives, tous les morceaux de papier qui traînaient au fond de mes poches trouées, et à présent, il s'agit de l'enduire de présent. 

 

En l'occurence, de futur proche. A l'heure où j'écris ces lignes, la valise n'est pas faite, il me reste 8 jours avant d'embarquer pour le Vietnam via la Turquie (simple escale hélas, j'aimerais prendre le temps de faire relâche chez ma famille et amis d'Istanbul, mais on n'est malheureusement plus à l'heure des longues traversées maritimes). 

Je puis l'affirmer : je ne m'en inquiète guère! Partir pour 3 mois 1/2, c'est de la rigolade, de la gnognotte, de la roupie de sansonnet! A peine le temps de déboucler la valise qu'on peut la reboucler. Je ne sais pas ce que je trouverai là-bas, et n'y ai guère pensé. J'aurais pu  sans doute, mais la vie est ainsi faite qu'après quelques expériences du même genre, on arrive à se préparer presque mécaniquement à tout laisser en plan et en suspens pour une longue parenthèse, sachant à peu près ce qu'on retrouvera en rentrant, et dans quel état on le retrouvera. 

 

Quant à soi, c'est autre chose. Pas la moindre idée de ce que je serai après tout cela. Pour la première fois depuis bien longtemps, je n'ai pas idée d'où je serai à la rentrée prochaine. Ni de ce que j'y ferai. Et ça me va très bien. Pas d'angoisse de la page blanche, pas dans la vie en tout cas. 

 

Wingman--1600x1200-.JPG Avec un peu de chance, j'y trouverai d'autres bizarreries. 

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 23:19

Elle est bien bonne, celle-là. Des lustres que je ne m'étais connecté ici. La faute à un peu tout. Au "nouveaux" moyens de rendre compte de mes virées, réseaux sociaux, albums... L'impatience de la publication, et celle de recevoir des commentaires, des petits signes d'assentiment. Clins d'yeux lointains. 

Et figurez-vous qu'ici, si on tourne le dos 45 jours, si on s'endort, si on n'écrit plus, on se retrouve caviardé de publicité. 

 

Du coup, chaque fois que je revenais jeter un oeil sur cette petite page de mes aventures, je la trouvais un peu plus taguée de cochoncetés pas montrables et pas souhaitées. Je croyais que c'était définitif. Mais on m'annonce fièrement que je n'ai qu'à écrire quelques lignes pour dissiper cette invasion comme un malentendu. 

Je peux donc conclure : la publicité est donc bien une gêne, presque une punition, en tout cas pas une récompense, puisqu'elle n'apparaît sur cette page que si je néglige cette dernière. Foutre. C'est fait. 

 

En attendant, et moi, et moi, et moi.... 

 

?

 

Un calligramme à soi tout seul, tiens. Ah, tous ces beaux carnets bien ficelés. Rien depuis les Pyrénées, si je ne m'abuse, et je ne m'abuse point. La vérité, c'est qu'au Moyen-Orient en 2010, j'ai bel et bien tenu un carnet. 

 

Alors? Perdu, le carnet? Un introuvable, comme la fameuse version d'Au-dessous du Volcan paumée par un Lowry bouré? 

Non pas. J'ai bel et bien commencé à le recopier. Tard. Mais pas trop tard. Il est toujours là, d'ailleurs, il m'acuse, il est présent, sur un recoin de bureau. Alors? ALORS? 

 

Alors j'ai eu la flemme, la cosse, la grande méchante fainéantise, tout simplement parce que ce carnet, je l'ai raté. Du moins c'est ce que je crois. Ce que je croyais. Je ne sais pas, que vous dire, je l'avais même écrit en toutes lettres à l'époque. Un soir humide à Tripoli peut-être? Je savais que ce carnet-là, il n'avait pas les mêmes formes et courbes et circonvolutions que les autres. Des éclairs, des temps forts, et entre les deux, du vide, ou des hésitations. Malgré tout, il est écrit. Et si le carnet est écrit, c'est qu'il existe. Et si on le lisait, il existerait pour de bon? 

 

Alors? Bon. Soit. Si quelqu'un me lit, qu'il le sache : je le recopierai. 

 

Peut-être même me servirai-je de cette page pour communiquer et ratiociner lors de mes prochaines aventures au Vietnam. On verra. Comme je le dis toujours. On verra. 

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21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 01:40
Villardebelle, vendredi 21 août 2009, 15h15. Plus de compte des jours.

La chaleur pilonne doux, au ralenti, et nul ne s'en étonne ni ne s'en fâche. Ici, on la commente, en prenant des mines de s'en étonner encore, mais guère, eh!
La Route est bouclée pour cette fois, pour autant qu'une telle phrase ait un sens. La boucle ne l'est pas, elle, si tant est qu'elle se boucle, ou la boucle, jamais.
Je ne fais rien, ou guère, ou si peu que c'est à ne pas mentionner, et j'y excelle.
Depuis des jours, le reflux du voyage de retour me porte, pré-écrit et pourtant plein de petits imprévus. Je croyais passer à Carcassonne, j'y ajoute le village de Villardebelle, l'une des lueurs d'entre-feuillage de mon enfance. Pas venu depuis plus, bien plus de quinze ans, et voir, mon "encombrante mémoire" a fait un peu de ménage, car ne me restaient que quelques grandes lignes émoussées. Cà une rue, là le platane planté pour célébrer l'avènement de la première république française.
Je marche encore, avec mon ami Jean, dans les forêts denses et basses, sur les chemins secrets comme des souterrains, qui relient les villages aux hameaux.
Bientôt, passage à Limoges, puis retour à Amiens, et pour peu que la météorologie le permette, un barbecue orgiaque dans le coin de verdure de la maison maternelle.
Tous sont partis à la baignade, et j'aurais sans doute dû les suivre, mais voilà, le carnet est là, et la Route proche encore, et me restent à conter une nuit et un renard, ainsi qu'à me laisser vaguer un peu en guise de conclusion, comme je viens de le faire en introduction.
Je rêve encore de l'ascension du Pic Carlit, pour tout dire. De cette monstre bavante, courte mais exténuante, et de la victoire qu'elle représente pour notre petite équipe. Comme une photo-finish sans course.

Le soir, entre deux gouttes, nous pressentons que demain sera moins qu'un dernier jour, et pas vraiment un autre jour, pas des nôtres d'alors, du moins. Peut-être était-ce l'effet de cette belle ascension, mais nous sentions que ce qui devait être dit l'avait été, et qu'il n'y aurait plus à y revenir, c'est-à-dire qu'il faudrait pour ainsi dire s'obliger à rester un peu sur la Route pour la savourer. Mais au fond, ce serait autre chose, de l'indéfini bien que connu : de la transition. L'amorce du reflux. Alors nous avons sorti le cigare et le cognac, et avons trinqué, fumé et célébré l'aventure, la fraternité, l'amitié de tranchées, les bavantes et les riantes.
Puis, parce que la pluie s'en revenait, et qu'il faisait aussi frais que soir, on s'en est allés se coucher.
Je commençais à somnoler, quand j'entends Matt hurler. Horreur totale, manifestation du cauchemar du routard : l'agression nocturne, quand l'univers se réduit à un mètre carré ou deux. Il hurle, Barre-toi! Barre-toi!. Je hurle pour demander ce qui se passe, et Chris aussi.
"Il y a quelque chose dans l'entrée de ma tente!" Puis "Il a pris un sac!, la poubelle!"
Je lui lance qu'il faut hurler, et frapper le sol, se faire bête féroce.
Tous trois nous y mettons.
Précisons, tandis que l'Inconnu s'enfuit avec un second sac, que j'avais cru entendre Matt parler sourdement au téléphone, trois quarts d'heure plus tôt. Lui croyait que c'était moi... Ce détail glace. Quelqu'un parlait près de nos tentes, en pleine montagne, à la nuit tombée... Puis l'agression.
Dans le calme relatif, je tire mon couteau, et toute nourriture dans ma tente, près de moi, j'emmaillotte, j'empaquète, puis j'écarte de la paroi. Je m'écarte moi-même de l'autre paroi, foutre!
On se crie ce qu'on sait, croit savoir ou comprendre, d'une tente à l'autre. La fermeture Eclair de la tente était fermée : on se rassure, c'est de l'animal. Pas gros, sans doute. Marmotte ou genre de rat. Trouillard, fuyard. N'y reviendra pas.
On en plaisante un peu, et tâche de te rendormir!
Je lis en attendant de retrouver la somnolence.
Trois nouveaux quarts d'heure passent. Le vent chiffonne la nuit. Soudain, près de ma tête, un mouvement plus dur, plus nerveux. Je me redresse, et découvre, sous le drapé de la toile de tente, un horrible mouvement de patte fouineuse, qui gratte son chemin dans ma direction. C'est mon tour de hurler, de cogner droit dessus. Fuite. Les autres hurlent et cognent, choral de démons enragés de tension.
Je confirme, c'est une bête, et pas une grosse, ses pattes sont fines et courtes. Marmotte? Rat quelconque?
On tâche d'en rire plus, mais dans cette zone-tampon, ce cordon insanitaire entre réel tangible et ombres inconcevables, la tension tient lieu de réflexion. Nous commençons à accepter que cette dernière nuit sera blanche. Et à nous préparer à la veille, au retour de l'Inconnu. Le vent tombe.
vers deux heures, Chris hurle à son tour. Nous entonnons le répons.
Puis il lance : "Je l'ai vu! C'est un renard!" et presque aussitôt, Matt réplique, ivre de fatigue et de soulagement : "Alors ça va, j'aime bien les renards!"
Ici, insérons le récit de Chris : il a entendu le maraudeur, ouvert sa tente, et vu un nouveau sac disparaître sous la toile. Il 'est levé et a poursuivi de sa lumière la forme chargée : un renard, long et puissant qui, laissant tomber de son large bec le sac volé, replonge illico la tête dedans pour y repêcher un autre plus petit, mais alors, la lampe l'éblouit, il reste paralysé un instant, lâche tout son butin, et disparaît. Chris récupère la cargaison et se recouche.
Ainsi va la nuit. Lorsque, vers quatre heures, l'emmerdeur me réveille encore en s'attaquant à ma toile de tente, je hurle en riant, tandis que les copains reprennent l'antienne primale. On a fait nos adieux au sommeil, et on voue médiévalement le goupil aux gémonies.
vers cinq heures trente, l'air devient gris. La nuit s'en va, comme déçue, maîtresse blessée d'avoir été dédaignée.
On se lève, maussade. Je retrouve le sac poubelle éventré, à quinze mètres hors de notre triangle. Il a aussi dévoré, sur place, près d'un kilo de pain. Un sac d'un kilo et demi de gâteaux ne sera pas retrouvé.
Il nous a eus, le salopard.
Comme sonnés, nous finissons la route. Comme secoués, nous tressaillons au bruit suspect, au bruit de nuit, même de retour au camping après une digne célébration au restaurant.
La tension et la fatigue nous ont eus, plus sûrement encore.
Chris nuance, et à raison : il l'a vu. Son geste d'aller voir l'agresseur en face l'a purgé de l'irrationnel, et de ce fait, il échappe à cet épuisement-là. Il a raison sur toute la ligne. Dans cet entre-deux, cette marge qui sert de porte de derrière à la fiction, nous n'avons rien vu, sinon un drapé de patte. Le reste à l'imagination, la pire des concubines pour qui est allongé au coeur du réel.
Cette leçon-là est à retenir.

Et pour finir, une conclusion? Ah oui, là comme ça, bien sûr... Une conclusion. Une belle formule pour boucler la boucle, barrer la route. La Route. Il n'y en a pas.
Rien que l'écho des respirations mesurées, des pas lourds et cadencés. L'écho qui ne cesse jamais de rebondir. Et le silence.



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17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 01:38
Jour 39, lundi 17 août 2009, au pied du Pic Carlit, vaincu! 20h00.

Veille de fin.
Demain, Font-Romeu, et peu après, nos vies, dont la mienne. Malgré nos rêves de prendre notre temps, de célébrer, voire de nous saouler (une obsession chez Chris), il ne faudra pas bien longtemps pour que nous commencions à tirer sur nos laisses. Un pour tous, tous pour un, et bientôt chacun de son côté, ainsi en va-t-il toujours.
En attendant, nous avons réussi notre codicille. Nous rêvions d'un dernier coup, un coup d'éclat, sabre au clair, baïonnette au canon. Nous avons réussi. Nous avons pris le Carlit d'assaut, et l'avons conquis de haute lutte, presque d'une seule tirée, malgré la fatigue, nos sacs, le temps et le terrain. En haut, une vaste inspiration avant l'orage... C'est donc fait, demain sera un générique de fin, que de la descente.
Nous aurons donc atteint notre point culminant (2921m) lors de la toute dernière montée. Avec les tripes, avec les dents. Nous planons au-dessus de ces montagnes lentement arpentées, tâtonnées. Chris était réticent pour cette dernière grimpe, il est fou de joie, et nous aussi, comme un.
Une heure et demie plus tard, le bivouac est dressé pour éviter la pluie. Nous avons esquivé l'orage. Chanceux jusqu'au bout.

Je m'assieds au bord du lac, et laisse tout cela, toute cette route me revenir. C'est encore trop tôt pour tirer des conclusions, va. Ma frustration, je la connais déjà, me reste à accepter toutes mes victoires.


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15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 22:12
Samedi 15 août 2009, jour 37, 15h30, quelque part entre le refuge de Besines et l'Hospitalet-Près-L'Andorre, bivouac monté tôt, à deux minutes avant l'orage.

Ce journal s'espace, en apparence parce que rien de notable ne se déroule. Je l'ai presque cru. Finalement, me voici avec trois jours à narrer.



Avant-hier, trois silhouettes bien connues erraient sous l'écrasant soleil d'Andorre-la-Vieille. Celui dont la barbe évoque à la fois Fidel Castro et l'Abbé Pierre se frayait un chemin à travers la foule des badauds lécheurs de luxe middle-class en écartant, Moïse crasseux, de ses bâtons repliés, les vaguelettes de graisses adolescentes ou racornies. Cà et là, des Français, des Russes, des Espagnols, tous jouant au petit Dubaï du pauvre. Rêvant d'économies futées sur des produits frelatés, savourant les calculs culbuteurs tournés en anecdotes, contés en sagas.
L'objectif était alors de fuir, pour nous, vers Amélie-les-Bains, y retrouver Ben, et finir les fesses dans la bienfaisante Méditerranée. Etant donné l'aberration généralisée constituée par les transports andorrans, autant se payer un voyage vers le Moyen-Âge, -ce qui revient d'ailleurs au même.
En effet, Andorre est une vallée, une seule, un coup de hache malsainement fertile dans un mur de rocaille, où des fourmis peu scrupuleuses ont choisi de prospérer en marge, riches bohémiens, passagers clandestins sur une voie de garage de l'Histoire.
Jadis, mon grand-père Deleury jouait à berner le gendarme et le douanier en farcissant sa caravane de boîtes de conserve, jusque dans les rideaux des fenêtres ou dans le moteur-même. Il y gagnait trois sous, oui, mais surtout une bonne tranche de rire à la moustache de la maréchaussée.
Aujourd'hui, merde, quelle barbe!
Les contrefaçons côtoient, toute honte bue, les produits originaux, et de même, les échoppes où l'ont peut acheter mp3, briquets ou machettes côtoient les boutiques de luxe. Les comportements y sont les mêmes que dans n'importe quel Duty-Free d'aéroport : l'île aux plaisirs de Pinocchio, moins le plaisir.
On n'a même pas l'excuse de l'achat qui trompe l'ennui de l'attente de l'avion, puisqu'on y est venu exprès.
Oui, l'Andorre, c'est ça : un voyage dont la destination finale est la salle des pas perdus. La perte sans la perdition.
On croit avoir tout vu. Ce n'est pas le cas. Jamais. La Route ne le permet pas.
Ce matin, nous quittons Andorre-la-Vieille après un petit-déjeuner anthologique avec Dominic, le biker le plus cool de Wimbledon. Cette rencontre aura des lendemains.
Nous tendons le cou sous le licou du sac, le naseau vers la nature, le vert, la poussière, la sueur... Notre itinéraire est changé, sans regrets car Ben ne pouvait finalement pas nous rejoindre. Destination Font-Romeu, baroud d'honneur paisible, défi de transformer 2 jours de marche en 4. Nous le relèverons!
Pour cela, il faut se rendre au Pas de la Case. Qu'est-ce que le Pas de la Case? Une fosse à purin du consumérisme, un Tijuana sans les gangs et les putes, une supérette pour pochards déguisée en station de ski, aux façades clinquantes et aux arrière-cours lépreuses. Le pas de la Case est à Andorre-la-Vieille ce que la gueule de bois est à une cuite à la Vodka Leader Price.
On croit avoir tout vu, depuis un promontoire puant la bouse.
Nous apercevons un bus. C'est le nôtre. Nous visons l'Hospitalet-Près-L'Andorre, pour finir, enfin, dans la beauté. Nous approchons. Et plus nous approchons, plus, oh, merde, nom de Dieu, ça se peut pas!
Un défilé de Goya vivants, des saoûlots pas mystiques du tout, des trognes à hurler, des gueules édentées, des cuirs éventrés de cratères, des nez en balles de golf écarlates, mais aussi des indiscernables, des yeux vides ou fuyants, des regards usés et cloués au sol, teints mats, gitans, arabes, africains, petits blancs, tous rasant les murs de la statistique, venus faire divers pleins en ce jour férié, jour de paie liquide déjà rejetée au fleuve fangeux  de la bibine et de la clope.
La puanteur est absurde, car urbaine, au milieu de ces montagnes.
Le chauffeur est un jovial à la trogne à peine moins piquetée que celles de ses ouailles. Ce passeur-là, bien qu'assermenté SNCF, est visiblement le seul Charon de ce Styx d'altitude. D'aucuns le saluent par son prénom. Tous s'installent, et je m'esbaudis. Nous rêvions de lumières crépusculaires à la Manet, mais cette charrette est rêvée par Jérôme Bosch en visite à Barbès.
Je m'installe à côté d'un touriste embarrassé. Devant moi, des Africaines en boubou ou en faux luxe. Deux Arabes épuisés comme des clandestins du bâtiment. Depuis les premiers rangs, les plus imbibés font fuser les lazzis les plus obscènes, s'accusant l'un l'autre de ne plus bander depuis laide lurette.
Un type louche vient me demander de prendre à mon compte une de ses cartouches de cigarettes pour la douane. Je n'en ai tout simplement pas envie, et avant tout, il affiche ce sale sourire merdeux, faux, du mendiant gitan.
Chris, derrière moi, refuse itou, et l'affreux repart vers l'avant. Alors, l'inattendu se produit : le minable parvient à rouler, à la faveur de la bizarrerie des circonstances, le plus dur d'entre nous : Matt-la-bête lui-même. Il parvient à lui fourrer deux cartouches dans les mains, une entière et deux demis. Il n'arrive tout de même pas à faire passer son sac à dos, fermé, mystérieux, douteux.
N'empêche, tandis qu'il nous rejoint à l'arrière, il tire la gueule longue, le Matt. S'est fait eu. Il nous refile notre part du fardeau (la loi autorise une cartouche par tête de pipe). Pas content. On n'en dit rien, mais on l'a mauvaise comme un seul homme.
Le bus démarre, et après un kilomètre peut-être, s'arrête. Didier, le chauffeur, se met à quatre pattes et cherche une bouteille baladeuse. Rigolade générale. Un des ouvriers clandestins explique à Matt, qui s'en tamponne le casque comme d'une tranche de foie, que le chauffeur se doit  d'être responsable.
Bref, finalement, on repart. Bientôt, la douane. Les douaniers sont déjà bien occupés à fouiner dans les chignoles de particuliers. Le chauffeur ralentit, tandis que les deux clandestins lui lancent, hilares, "Fonce, Didier!".
Le bus passe, dans un obscène éclat de rire général, et notre escroc personnel s'en tape cinq avec son complice. Nos dents collectives grincent. Matt me souffle ; "Quand on descend, on laisse les cartouches là où elles sont." Et bien sûr, j'approuve immédiatement.
Parce que, pardon, mais si votre image du contrebandier correspond à Don José à la colle avec sa Carmen, ou à je ne sais quelle vision romantique de longues moustaches jaillies d'une cape et d'un tromblon à l'épaule, de types rudes, malins et méfiants, défiant l'ordre injuste, essayez donc cette version : la crevure à deux sous, pas différente au coup d'oeil du maquereau à la petite semaine, du dealer de gare routière.
L'idée, pour nous, c'est de nous lever et de nous laver de cette excrétion urbaine. Au cloaque les trafics pouilleux.
L'Hospitalet, et ainsi nous faisons. Descendons avec la foule, récupérons les sacs, et commençons à nous éloigner. M'a semblé que le plus faiblard des deux était resté à bord, alors, à la merde!
Mais foin. Le bus nous dépasse, et à sa suite, l'autre des deux sagouins, et il ne court pas après le bus, mais après nous.
"Cartouche! Cartouche!"
Matt et moi, d'une seule voix : "Ben, dans le bus!"
alors, d'une voix étranglée de rage et de désespoir cornéliens, il geint un puissant et fatidique : "Nooon! Pourquoiiiii?"
Le destin, la tragédie, Eschyle chez les rats.
Et nous, toujours d'une voix pseudo-couillonne : "Ben, on croyait que t'étais dedans..."
Et l'autre de presser le pas, plein galop vers le bus, grands gestes sémaphoriques pour un chauffeur qui regarde aussi peu dans le rétroviseur que sur la gueule de ses ouailles.
D'ailleurs, Chris nous dira plus tard que les cartouches abandonnées avaient été repérées par un concurrent.
Pour l'instant, nous faisons route vers l'hôtel le plus proche, plein de touristes, de gens, plus ou moins normaux, bref, de témoins. Si l'autre affreux vient s'y refrotter, il aura fort à faire, et ça ne tournera à son avantage à aucun niveau. Nous prenons un café, nerveux, tendus, prêts à la cogne. Le type repasse, mais ne vient pas à nous. Nous aurions donc pu l'enfumer, car oui, il était SI taré qu'il a accepté notre version directement.
Puis vient un train. Nous pensons qu'il est monté à bord, avec son sale petit camarade. Le temps passe à l'orage. Nous levons le camp. L'ambiance générale, dans l'après-coup de cette adrénaline, est rugueuse. Nous voulons décamper. Vite. Mais d'abord, alors que nous gardons un oeil vers nos arrières, une fanfare épouvantable célèbre le jour de la Vierge en faisant danser un unique couple, hystérique de joie, sur l'air de "cielito lindo", le quasi hymne mexicain. L'orchestre joue mal, le chanteur beugle faux, tous semblent sortis de notre bus. Nous remplissons les outres et FOUTONS LE CAMP!

Bienvenue au pays, au pays de mon cul.

Enfin les marques rouges et blanches, un sentier. Nous commençons à imaginer plaisamment les raclures tentant de nous retrouver sur ce chemin raide. Vaudrait mieux pas, car là où la Route commence, nous sommes chez nous... Après quelques lacets, on fait une pause, et on en reparle. Et on se marre sacrément, même Matt qui l'avait encore amère, car une fois les comptes faits, ces répugnants-là ont pris une belle leçon! Je parodie une voix d'avion pour rappeler de "s'assurer de ne rien oublier sur son siège"... Et je reprends le pathétique "Pourquoiiii?", en imaginant le ruffian désespéré dans son wagon de train... Nous hurlons de rire. Etant donné le crapoteux -mais fascinant- contexte de ces aventures, je vais m'offrir une morale bien triviale, à la mesure de ces deux petits rats d'égout : ils voulaient des cartouches? On leur en a mis une, et une sacrée!
Bon appétit, messieurs.
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 22:11
Jour 34, mercredi 12 août 2009, 21h 15, près du refuge de Baiau, à un éternuement de la frontière andorrane et de la frontière française.
Bon, je vais quand même le préciser, histoire de pas passer pour le raciste de service : on n'a pas rencontré que des tarés en Espagne, sacrément loin de là. Des gens cool, très cool, le coeur sur la main, prêts à rendre service... Le marcheur sourd et son pote, en descendant du Tuc de Marimanha, ou encore Tolé, jeune marcheur rencontré hier...
Voilà, ça ira pour les nuances.
Aujourd'hui, magnifique journée de marche dans le merveilleux Vall Ferrera, lente montée vers la frontière au fil des "Pla", véritables terrains de camping. Pour finir ici, à 2363m, où, faut l'avouer, ça pèle méchamment le soir venu. Mais le silence, la paix retrouvée... Demain, l'Andorre, la civilisation, un autre voyage vers l'épilogue méditerranéen... Matt se dit las de marcher, et je sens la même chose chez Chris. Cela fait quinze jours que nous marchons ensemble. Moi, ça va. Mais bon, tant que je n'y pense pas vraiment, hein...



xxx

Saveur de Poussière,
Senteur de Poudre.
Chaleur de Terre,
Lueur de Foudre.

xxx

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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 22:09
Jour 33, mardi 11 août 2009, 22h30, Camping Pico d'Estats.

Nous enquillons les campings, avec des journées plus ou moins longues entre deux. La journée d'hier fut particulièrement courte (environ 3h de marche), mais le terrain imposait plus ou moins la halte (difficile de savoir où planter la tente par la suite, dans la montée). Et puis aussi, l'envie. Se la couler douce un peu de temps en temps. Je suis parti depuis plus d'un mois, et ne rentrerai dans mes pénates que dans deux ou trois semaines. Rien ne me manque, puisque je n'y pense pas vraiment. Je dis à Matthieu que je sais comme j'apprécierai de retrouver mon autre vie, mais quand le temps sera venu, pas maintenant. Je n'y pense tout simplement pas, pas vraiment.
Passons au sujet du jour : l'enfant-Roi au pays des Espagnols.
Bon, je dis les Espagnols, même si dans le coin, le type coiffé façon mulet est-allemand semble pisser des larmes de sang à l'heure de me répondre dans sa langue nationale et non régionale. Désolé pour eux, et pour les autres, les amis des autres, les régionalistes, ceux qui trouvent le temps de graffiter les panneaux indicateurs en langue nationale (la même race de crétins qui efface les marquages GR, comme je l'ai vu au Pays Basque Français). Désolé pour tous, mais j'appliquerai à l'Espagne la règle que j'applique à la France, celle d'un jacobinisme simpliste et réjouissant. Je n'y comprends rien et m'en fiche comme de l'an 40, l'Espagne est donc peuplée d'Espagnols.
Où en étais-je?
Aux abominables coiffures des jeunes Espagnols?
Non, je ne crois pas...
Ah, oui. L'enfant-roi, cette raclure.
A l'heure (déjà tardive, bordel!) où j'écris ces lignes, j'entends encore le lugubre choc sourd du pied dans un ballon en plastique, et les sinistres ricanements et jappements démoniaques d'une harde de gniards hors de contrôle. Hier, c'était pareil ailleurs, mais les gens étaient plus sympas en général, d'ailleurs du coup on buvait bière sur bière, c'est toujours un signe, et un bon.
Donc, supposition basée sur l'observation : le petit Espagnol est une petite créature de l'Hadès, une vraie cochonnerie stygienne, tirée des cercles dantesques, et laissée en liberté jusqu'à pas d'heure. Il se rapproche en cela de l'enfant scandinave, jadis ainsi observé. Les parents laissent benoîtement faire, et suggèrent au passage de ne pas répéter telle ou telle bêtise relevant des Assises. La différence vient à l'adolescence. Le petit Viking ne devient pas (plus!) un Viking, pillant, ravageant et tout ce qu'on connaît, mais une jeune personne sérieuse, parlant à volume et vocabulaire modérés, un genre de Britannique, mais réussi.
Bon. L'Espagnol, lui, à l'adolescence, se croit très malin, et comme on lui a toujours laissé tout faire, il se dit, ces deux mèches, là, derrière, je vais les laisser pousser jusque par terre, plus jamais les laver, ça fera des rastas ou du caca, et je tondrai le reste, ça devrait marcher. Pour les filles, c'est plus simple : elles éteignent la lumière et coupent tout ce qu'elles trouvent. Quand elles rallument, celles qui ont encore leurs yeux -elles le savent car pour elles, la lumière se rallume, pas pour les autres-, s'émerveillent du résultat, accrochent éventuellement des pendeloques ou des boules de sapin de Noël dedans, et vont écouter du ska, beurk, argh, et ûrgll, avec leurs amies, aveugles ou non.
Un exemple saisissant : un môme (5? 6 ans? je sais pas dater ces bêtes-là, on compte comme les arbres? Les chats? Enfin, il n'avait pas de barbe, et pas encore de coiffure débile et répugnante), visiblement largué (O.K., il a sans doute un problème, mais ce n'est pas le mien, car je ne suis pas un spécialiste ni un professionnel, j'ai rien demandé à personne, moi) vient vers nous à notre arrivée au camping, et s'entiche de qui il faut surtout pas : Matt.
Ceux qui le connaissent peuvent baisser les yeux du plafond, c'est dans ces pages que ça se passe. Les autres, lisez donc le récit iranien de 2007, je recommande le chauffeur de taxi de Persépolis, comprendrez mieux.
Bref, il revient à la charge, le gosse, visiblement pas lucide. Matt, passez l'expression, l'envoie gravement chier sur la face cachée de la Lune. Le gniaf vient à moi, me cause en catalan, j'y réponds en castillan (je devrais dire en espagnol, rien que pour faire chier), il tend la main pour toucher ma barbe -et ça, à part mes femmes et mes maîtresses, c'est hors de question, je mords, non mais des fois. Il va au Bugle, comme dirait le Concombre Masqué.
Mais tandis qu'on en est à la soupe, le corniaud charge (y a pas d'autre mot!) à vélo, droit sur Matt qui lui tourne le dos. Bang ouargh, brûlure, gueulante. Le nigaud enquille les Perdon, Perdone, Perdo, Perdò, je ne sais et m'en tintinabule les écoutilles, faut pas charrier, je me dresse et le secoue verbalement en espagnol (pardon, en cast... nan, en espagnol). Le sagouin semble n'y entraver plus que si c'était du Patagon. Foutrebouc, dans quel pays qu'on est acrévingt dieux, et merdaille? Le père se pointe, bien encaguassé, et emmène l'andouille par l'oreille, sans un mot. Soit.
Il revientlèvre les mains en gestes d'excuse, je lui dis, dans la langue transpyrénéenne officielle, soit en ESPAGNOL, qu'il faut pas se biler, qu'on a compris, que si ça ne se reproduit pas on n'incendiera rien ni personne. Il s'en va, soulagé, pas bien à l'aise dans ses tongs, sans un mot.
Remarque : avec son chien, il semblait plus à l'aise.
Conclusion. Ce môme-là est pour le moins spécial, et avant de me traiter de salaud, qu'on sache que je compatis, mais vraiment, j'empathise à pleines pelletées, mais là n'est pas le problème. Ce  môme est déjanté, soit. Mais ces crapauds qui coassent encore autour de la tente (il est quand même dans les 23h, quand même, 'tendez, je vérifie... Oui, voilà, 23h15), eh bien ils ne valent pas mieux. Le remède du Dr. Raph, en vente libre, guérit tout : le coup de pied au cul pour toute cette marmaille grouillante.
Plaisir d'offrir, joie de recevoir!
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9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 22:06
Jour 31, dimanche 09 août, avec flash-back.
A côté du village fantôme de Bordes de Nibros, 22h11.
Nous jouons à cache-cache avec les orages, qui se déclenchent presque chaque jour en milieu d'après-midi. Conséquence logique : on s'arrête tôt, parfois à 3h. Le choix entre une bonne sauce et un bon bivouac... Choix facile, avouons-le. Et puis nous avons du temps, du temps à revendre, car le rendez-vous avec Ben à Amélie-les-Bains tombe le 16 août, pas avant. Dès lors, le choix. Arriver vite, s'ennuyer à attendre, ou prendre notre temps, et passer plus de temps en montagne. Tant qu'à faire...
Hier, nous avons donc entamé la montée au col de Campirme, et l'avons stoppée à 300m (d'altitude) avant le sommet. Bien joué, car les orages se sont succédés toute la nuit. Forte humidité, pas envie de monter dans la purée.... On a redécollé vers 11h15, affamés par un petit-déjeuner léger et lointain, pour atteindre le fichu Coll après un interminable lacet. Ennui de piste...
Mais l'aventure reprend le dessus, et faute de chemin, on coupe, suivant un ruisseau ou un autre, puis le flanc odorant d'une combe, dans le buisson jusqu'à la poitrine. On tombe, on se tord les chevilles, on se raccroche aux branches. Finalement, nous découvrons des fermes abandonnées, étranges demeures, encore bien dressées au milieu de la forêt rare. Des étables bourbeuses, fraîches. J'aperçois deux sangliers qui s'échappent, affolés. Enfin, nous découvrons des cerisiers, eux aussi à l'abandon, porteurs de fruits mûrs et délicieux. Ces arbres ont probablement été plantés là exprès par les bergers, en des temps bien différents. Un temps où ils habitaient ces demeures, au lieu, comme nous le vîmes ce matin, de monter paresseusement, cigare puant au coin du bec, à bord d'un énorme 4X4.
Impression renforcée ce soir, lorsque nous visitons le village abandonné de Bordes de Nibro, coincé au fond de sa vallée, jonché sur un torrent. La carte en signale d'autres. Le fond de val est si étroit qu'on l'enfilerait presque de profil. Certaines maisons portent des dates troublantes. 1747... L'architecture audacieuse de certains emboîtements montre le soin apporté à bâtir un lieu, une vie.



Et puis, plus rien. Cà et là, des planchers troués, des toits effondrés. Nous apercevons même un étrange oiseau qui semble peiner à reprendre le ciel. Etrange vallée morte, où, pour citer Chris, notre feu de camp ramène un peu de chaleur furtive.




xxx

A la lampe, dans la nuit.

Je rêve de passés inoccures,
des passés jamais advenus,
des passés de limbes.
Je rêve de femmes,
-des miennes.
Des femmes de ces passés-là,
et d'autres aussi.
Puis parfois, de bruits horribles
-mais discrets.
Mouture de poussière de la nuit.

Bordes de Nibros, village fantôme.

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7 août 2009 5 07 /08 /août /2009 22:05
Jour 30, vendredi 07 août 2009, 18h19, Camping la Persalle, Estarri d'Aneu.

Courte journée de marche, qui devait de toute façon se conclure par une demi-journée "off", puisque le terrain s'y prêtait (jolis petits villages catalans, etc...).
Finalement, nous sommes peut-être cloués au sol, car les quelques gouttes reçues à la terrasse du restaurant se sont multipliées, et depuis 6h à présent, les orages se succèdent, et les averses qui vont avec aussi. Rien d'autre à faire qu'attendre en alternant sieste, lecture, bière et douche.
Mes genoux s'étant durement réveillés après deux heures de marche (post-scriptum de la cavalcade d'hier?), je prends dès à présent le traitement éléphantesque du Dr. Petit. Ecrasons cette mouche avec un marteau-piqueur.
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6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 22:04
Jour 29, jeudi 06 août 2009, 21h50, bivouac caché  entre Isil et Bordeu.

Sacrée journée! Beaucoup de hors-sentier, dénivellée importante, (environ 1400m après une belle tirée ascendante).
Nous avons décidé de nous offrir le Tuc de Marimanha, mais sans les sacs. L’occasion de prouver de manière presque objective que l’itinéraire prévu par les artistes de la HRP est une ânerie dangereuse si on fait le travail dans les règles, c’est-à-dire en autonomie, donc assez lourdement chargé.
Belle aiguille, chemin d'arête sympathique, niveau 3 d'escalade. Chris aura eu son baptème de roc, et un avant-goût de ce que peut être une course. Un vrai moment de récréation pour les portefaix que nous sommes.



Cela étant, j'insiste : nous sommes montés au Tuc, redescendus, puis avons improvisé notre propre route. La HRP supposait de passer ces passages très aériens (gros blocs instables) chargés, et de continuer ensuite. Quid de bourrasques éventuelles? Allez, n'en parlons plus.
Belle aventure en tout cas. De longs champs de pierre, insondables. Sous nos pas, le vide peut-être.
Et puis des lacs encore. Et d'autres pierriers, des pentes vertigineuses, avant une longue descente dans une forêt basse (j'hérite apparemment d'une sale griffure derrière l'oreille gauche, pas encore vue, et de nombre de coupures aux mains). Un petit air de Bolivie.
Les genoux semblent pourtant aller de mieux en mieux! Absolument incompréhensible.
Après avoir délaissé un dernier coin de bivouac, nous avançons sur le chemin de demain, dépassant le village d'Isil. Retour à la civilisation, aux routes, aux champs clos, aux interdictions de camper, de s'arrêter, de bouger... A la priorité privée.
Mais le flair et le bol viennent encore nous prêter la main, et nous dégottons un endroit superbe et abrité. Nous apercevons la route, mais elle ne peut pratiquement pas nous voir. Une illusion de sauvage.




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