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Mes virées, mes carnets...Bienvenue chez moi. C'est-à-dire nulle part.

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10 janvier 2005 1 10 /01 /janvier /2005 09:19

Allez, c'est le début de l'année, je prends de bonnes résolutions. Finis les persiflages, finie la mauvaise humeur, la grogne et les haussements d'épaules accompagnés de vigoureux "ha!" qui veulent dire autant de "peuh!". Je serai bon, bienveillant, ouvert à tout, patient, en harmonie avec le monde, qui ne va d'ailleurs pas si mal, et j'accepterai tout avec un grand sourire.

Bon, d'accord, je commence mal, puisque je mens.

Je ne pourrais de toutes façons pas renoncer à presque trois décennies de grognements sceptiques, alors autant commencer par un de mes nouveaux ennemis préférés, j'ai nommé l'Empire, celui de George DoubleFuckYou Bush (copyright de cette expression à mon ami Christophe Bony, qu'il soit béni dans les
îles.). Bah, un peu cliché tout ça, me direz-vous.
Peut-être, mais là j'en ai vécu un peu des coulisses, alors je vais vous faire partager, ça ne vous instruira pas forc´ément des masses, mais ça me soulagera.

D'abord, je n'ai rien contre les Américains. J'ai d'ailleurs de la famille américaine, j'éviterai donc la schyzophrénie des propos. Ça va plus loin: j'écoute une quantité majoritaire de musique américaine et anglo-saxonne, comme tous le monde, peut-être plus, et je consomme BEAUCOUP PLUS de cinéma hollywoodien que de cinéma des studios de Boulogne-Billancourt, qui à ma connaissance n'y sont d'ailleurs plus, mais la raison en est tout simplement que sacrénom d'une pipe en os, y a des trucs qu'ils font mieux que nous, faut le reconnaître, d'ailleurs, quand ils font un film sur les hésitations fébriles d'un jeune étudiant de première année de prépa à Lakanal, lira-t-il Proust ou Gide, couchera ou couchera-t-il pas avec sa voisine, étudiante en ethnologie, hein, bon, ben dans ces cas-là les Ricains se ridiculisent, Bruce Willis n'a pas le charisme de Melvil Poupaud pour le frémissement du genou de Claire, mais je m'égare et je m'embrouille.

Pourquoi râlé-je?

Mes préjugés nombreux, à l'aube d'un voyage via le Texas, se confirmèrent-ils? Vous-écris-je alors que ma valise, encore perdue, tarde à rejoindre son seigneur
et maître? Ai-je dû me farcir des contrôles d'identités à répétition, des fouilles au corps, des détecteurs pas croyables, pour finalement louper consciencieusement ma correpondance et rentrer chez moi avec de loooongues heures de retard?

Eh bien oui. Et même plus encore. Arh, mais tout ça on le sait, me dites-vous, et on te le disait bien, me rappelez-vous. Et vous avez raison, amis lointains.

J'enrage, voyez vous. J'enrage d'avoir testé le coup quand même. D'avoir vu les murs de l'aéroport tapissés de reproductions de formulaires d'immigration bien remplis (patronymes anglo-saxons, nationalités américaine et anglaise) et mal rempli (la même chose mais avec des patronymes et nationalités françaises...). J'enfume d'avoir subi la reprise de mes empreintes, puis de ma photo, pour qu'une
douanière d'âge dépassé et de poids inspirant la crainte à tout terroriste normalement constitué, me signale d'un air suspicieux que mes yeux n'ont pas la même couleur que sur ma photo.  J'en peste (notez l'espacement et l'orthographe, et ne perdez pas de temps en mails moqueurs) d'avoir dû ouvrir ma valise sans arrêt, promettant solennellement que son contenu ne présentait aucun danger (remplie de livres... couillons que vous êtes, c'est bien pire que des quintaux de TNT...), d'avoir eu à subir ces humiliations avec le sourire de peur qu'une adolescente en uniforme XXXL me fasse engeôler pour suspicion de transport d'un cerveau non homologué...
Et tout ça pour subir l'inefficacité totale d'une prétentieuse compagnie US, Continental (je donne le nom dans votre propre intérêt)...

Et tant qu'on y est, il me reste quelques balles dans le chargeur pour tirer sur les collabos: les français (pas de majuscule pour ces salauds-là) qui acceptent d'ouvrir les valises et de contrôler trois fois plus les identités, sur ordre des Néanderthaliens
apparemment joyeux de revenir au bases de la Guerre Froide, et ceux qui adoptent le même ton de politesse menaçante pour ce faire que leurs employeurs. Ces saligauds qui haussent les épaules quant vous leur signalez qu'avec tout ça, il n'y a jamais eu d'espoir que votre vol se déroule en temps et en heure. Et je garde même quelques pruneaux pour les Chicanos chicaneurs des douanes, ces Mexicains affublés du même uniforme de la honte de l'Amérique, qui regardent d'un sale oeil leurs compatriotes d'hier, et les menacent directement, dans un anglais encore teinté de jus d'agave.

Sale boulot que tout cela, motivé et remotivé par des campagnes d'affichage coincées entre Orwell et le réalisme socialiste (quoiqu'à mon avis, les censeurs de Staline auraient sûrement repoussé certains posters en les jugeant outranciers.), on surprend le futur tortionnaire convaincu de faire son boulot (Je n'exagère pas: c'est pas de la torture, ce petit jeu malsain de vous vendre un billet, puis de vous humilier à chaque étape du voyage en vous souhaitant de vous revoir bientôt???), à la pause, en train d'écouter son walkman comme tout un chacun...

Allez, une dernière, je vous la soumets histoire de finir en eau de boudin.
Vu à Houston: le douanier et les mangues.  Une Mexicaine (plutôt Chicana, c'est à dire vivant aux USA), du genre qui parle en anglais à ses enfants, suscite l'intérêt du petit clébard renifleur promené par une moustache. Elle trouve ça rigolo, et ses mouflets aussi, pensez donc. Les mioches avancent une main, c'est un de ces petits toutous de chasse qu'on s'offre sous le sapin, avec des oreilles, et une bonne
tronche. La moustache, un de ces bons gars de la campagne texane, dit aux mioches qu'ils ont "besoin de reculer". Je sais que c'est une formulation normale, mais je ne m'y fais pas, elle sent pas la viande fraîche et franche. Et la dame qui dit au petit clébard qui remue la queue qu'il va quand même pas lui manger ses mangues, hein? Ce qu'elle ne pige pas, c'est que le boulot du remueur de queue est terminé, et que celui de la moustache vient de commencer. Il veut voir le sac, il lui demande donc, sur ce ton neutre et pourtant pas rassurant, 100% protocolaire, règlementaire comme une sommation avant tir pour tuer, de décrire le contenu du sac, puis de le montrer, puis d'expliquer l'utilisation.
Il s'agissait de quatre mangues de fort belle taille, du vrai produit de chez nous, enfin de chez eux. Déjà, c'est risqué, dans un pays où l'ennemi est l'escargot transporté illégalement dans vos bagages. Moi, je le sentais bien venir, que les mangues ne mettraient pas le pied sur le territoire.
Une, apparemment, la p'tite dame l'aurait emmenée, mais quatre...
Je résume, l'épisode ayant duré un bon quart d'heure, mais tandis que la dame commençait à manger les mangues sous l'oeil chassieux de la moustache, elle répétait qu'elle allait se les goinfrer toute seule, et pas en faire un juteux trafic (elle est pas mal, celle-là, hein, pour un lundi?). Et la moustache de dire, dans cet anglais inimitable à l'écrit (en gros, parlez anglais en mâchant votre moustache), "eh bien, la chose est, "Maame", je ne vous vois pas manger toutes ces mangues... Alors vous avez besoin de reculer de deux pas, et de me remettre ces mangues." Ce qu'elle fit. Je surpris la moustache refilant un susucre autorisé au petit clebs, que je rangeai illico dans la catégorie des collabos...

Bon, allez, pour une rentrée c'est pas mal, Viva Mejico, hein, et à la prochaine.

Raph.

PS: A tous ceux que j'ai vu pendant ces vacances, merci de la chaleur de votre amitié, en condensé comme ça, j'en ai pour un moment à digérer les bons moments passés avec vous.
A ceux que j'ai rencontré pour l'occasion, merci aussi, ce n'étaient que des premières fois annonciatrices d'agréables piqûres de rappel.
A ceux que je n'ai pas vu, faute de temps ou autre, ce n'est que partie remise, Sachez que mon envie de vous revoir n'en sera qu'augmentée.
Mes excuses à ceux que je n'ai pas prévenus de ce retour, je vous paierai une tournée supplémentaire, et n'avancerai que les pires excuses pour me justifier (emploi du temps de vacances très chargé, et les mille et une choses qui transforment deux semaines en cinq minutes). J'embrasse tout le monde quand même, sans distinction.

PS2: Oui, au fait, cet avis tient lieu de communiqué, enfin vous aurez compris que je suis bien rentré...

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