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Mes virées, mes carnets...Bienvenue chez moi. C'est-à-dire nulle part.

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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 15:48
16h50, médiathèque de San Angel.
La déconnexion est parfois presque totale. Mon être socialest en transit, et pour ce qui est de ne plus être vu que pour moi-même, c’est selon. Je suis plus directeur que jamais, ou plutôt : nulle part.
Le retour à la grisaille sera dur, mais il est évident qu’un peu de vitamine D continuera de couler dans mes veines.
Faute de réponses, j’ai d’ores et déjà réussi à cesser de me poser des questions. A voir si cela dure.
 
***
 
Qu’on appelle ça être blasé, désabusé ou simplement plus expérimenté, il est pour moi certain que ce “tout petit monde” nouveau est pour quelque chose dans l’appréhension du “vrai monde”.
C’est vrai, quoi, moi moi qui fus un grand épistolier (en termes de goût et de quantité du moins), l’ère électronique ne peut vraiment me déplaire. L’instantané tue un peu du suspense, mais il pallie la désagrégation des échanges de papier éffilochés. Ca pour le petit monde, celui qu’on parcourt en une poignée d’heures d’avion.
Le vrai monde, c’est celui qu’on court à pied.
Pas possible, trop long, trop dur, et en plus y a les courses à faire à Auchan samedi soir et la finale après.
Oui, z’avez raison : ça prendrait une vie.
Peux rien dire, moi-même, partagé en méridiens et tropiques, je ne me suis plus tout à fait non plus.
Clochard céleste? Même pas cap’.
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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 15:44
Même endroit, presque la même heure (21h50), le lendemain.
Le KO de trop? Quand un boxeur ne sait pas s’arrêter, il boxe jusqu’au KO qui le laissera débile et tremblotant. Ce voyage, côté dépaysement mexicain, m’y fait fortement penser. A l’envers. Cuetzalan a tout pour rendre groggy n’importe quel débutant, mais il faut reconnaître que je me surprends moi-même à ne plus être surpris. Voyager debout au milieu des peones dans un pick-up délabré au gré de routes pavées et sinueuses, manger des tacos baignant dans l’huile de moteur, hausser à peine en voyant ramper un infirme, claudiquer un unijambiste, ou pleurer borgne énucléé, voilà la mesure du changement opéré en moi depuis mon premier voyage.
Je soumets à l’assistance que je ne me sens pas blasé du tout pour autant. Je n’aime pas ces conditions de vie parce que je n’ai pas à les aimer ou non, et parce que personne ne devrait avoir à seulement les endurer. Cependant, je crois arriver, lrosque j’en fais l’expérience concrète, au-delà de l’indignaiton. L’indignation est une colère, et la colère aveugle. De même, je crois, que la pitié et la commisération. Ces deux sentiments que je trouve chez certains bien-pensants locaux, fiers de faire l’aumône de l’achat d’une babiole inutile à des petits vieux ou des petits enfants, et leur souhaitant une bonne remontée du prix du café.
Ces braves gens sont du bon côté, bien sûr, et nécessaires faute de mieux, mais je me sens mal à l’aise dans cet alter-mondialisme localisé, qui semble proposer un autre type d’emplâtre pour jambe de bois.
 
***
 
Vus : des hommes volants, qui se laissent paisiblement pendre en tournoyant depuis un mât d’environ 25m.
Des vendeurs de machettes. Des gens qui viennent se recueillir dans les cimetières la nuit. Un petit vieux qui soulève son chapeau devant les calvaires comme s’il saluait un vieil ami. Des femmes marchant pieds nus dans les rues crasseuses, évitant tout de même le ruisseau. Deux putes étrangement urbaines, bien balancées mais peut-être (justement) pas aussi féminines qu’elles voulaient le paraître. Elles m’ont abordé vigoureusement et promis les portes du Paradis ou de l’Enfer. Je n’ai pas su choisir.
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17 novembre 2007 6 17 /11 /novembre /2007 15:41
Cuetzalan,
21h00.
 
Une autre de ces nuits de virée où...je me coucherai tôt. Pour me lever tôt, j’imagine.
Je suis accompagné dans ce saut de puce de Mariana. Hasards et drôles de rencontres, en tout cas, curieux comme l’étrange en deviendrait routinier. On m’a dit blasé il y a 24 heures. Merde, ça se pourrait.
J’écris dans une chambre d’hôtel, au Mexique, et à quelques portes, des voix, de la musique... Guadalajara, Cuetzalan, pas même quatre ans entre les deux.
Blasé, mon genou!
J’adore ça, et à refaire, je referais tout deux fois, une pour moi et une à la santé des copains.
Aujourd’hui, bien avant de manger des tacos au gras arrosés de vin d’hybiscus et de la pisse d’un chien galeux et insolent, nous nous sommes délicieusement trompés de chemin.
La senorita Mariana, qui m’avait pourtant expliqué qu’ici rôdaient les fantômes de son enfance, a fini par prendre le mauvais chemin, pour descendre dans le vaste vallon forestier qui abrite la cascade dite des “golondrinas”. J’espérais bien qu’on se perdrait, et je n’ai pas été déçu de la déconvenue.
De pente raide en branches basses, de caféiers verts en pierres moussues, de ruisseau en lit accidenté de torrents heureusement assoiffés... Les pieds dans l’eau, le dernier pantalon trempé jusqu’à mi-cuisse, une simple pierre qui a glissé, un glapissement en sentant le froid aqueux... Voilà enfin ce que j’étais venu chercher. Ca ne dure pas longtemps, il faut en profiter tout de suite. Mais aaaah... Un vrai bonheur.
La cascade, le petit coin de méditation... Tout ça, c’est en plus. La crasse, la boue, les chaussettes à détruire, voilà la vie.
 
***
 
De l’art d’être juste à côté de la plaque.
 
Rappel : 8 jours avant l’entrée des chars de l’armée rouge à Prague, une jeune fille nommée Michèle Deleury, qui ne savait pas encore qu’elle aurait le plaisir et l’honneur de m’avoir pour fils, se promenait dans l’ephorie des rues de la capitale Tchécoslovaque. 8 jours plus tard, l’Histoire frappait, et la jeune fille était déjà loin.
 
Rappel : on n’arrose pas un feu de jardin avec de l’essence.
 
Rappel : en Iran, lorsque l’Histoire est en marche, les Iraniens affectent de s’en foutre, et leur président peut bien annoncer de “bonnes nouvelles” à la télé, si c’est l’heure du dîner, l’atome peut attendre.
 
Il y a deux ou trois jours, on m’a dit que le Métrobus, le fameux fossoyeurs des immondes peseros meurtriers, avait été pris d’assaut par une bande de brigands.
J’en étais à peine à me féliciter dans la perplexité d’avoir échappé à pareille aventure (une fois de plus), moi qui avais pris cette ligne presque quotidiennement deux ans durant et m’apprêtais à le faire quelques instants plus tard, j’en étais à peine à me sentir soulagé et effaré, que mon excellent Maître Alejandro me rassura : L’hélicoptère? Ah non, me dit-il. Il est venu pour le braquage de banque, juste en face ; un gang de crânes rasés, en uniforme, lourdement armés.  Deux coups de feu tirés, en début d’après-midi. J’étias (lui, donc) en train de lire, ou d’écrire -et la question de savoir ce qu’il faisait prend beaucoup plus d’importance que la fusillade, à ce point du récit- quand le premier tir a retenti, je me suis approché de la fenêtre, et j’ai vu les bandits partir en tirant un second coup de feu.
Il n’y a pas vraiment de quoi se sentir soulagés, et d’ailleurs, nous rirons tous deux de son détachement le lendemain soir.
Et pour ma pomme, toujours le sentiment d’être exactement à côté, ou juste avant, ou juste après... Pas faute d’essayer, dirait-on en voyant mes projets. Même pas non plus. La route, les gars, la route. Elle suffit.
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11 novembre 2007 7 11 /11 /novembre /2007 15:38
México, 11/11/07,
07h18.
Qui veut voyager doit espérer l’émotion avant tout autre but. Si l’on part pour voir, on voit, mais on ne sent pas forcément. Visiter le monde n’est pas le connaître. Il est possible de voir, de contempler, d’aller sur place pour se rendre compte, mais cela revient souvent à une connaissance froide, livresque au mieux, désincarnée des choses. Au contraire, tenter de partir pour rien est une façon de se préparer à ressentir, et de là, à connaître au-delà du mot.
 
***
 
Le Mexique est toujours infernalement bruyant, et marcher dans les rues de México n’incite pas toujours à la consommation des produits locaux. En fait, depuis quatre jours, je dors encore peu, réveillé par le décalage horaire et une flotille de décérébrés conducteurs de cars qui ont investi le carrefour d’en bas pour faire leurs manoeuvres, laver leur charrettes et, bien sûr, klaxonner, car que serait le bonheur d’un jour nouveau sans un coup de klaxon à 5h du matin?
 
***
 
Mon plus grand étonnement jusqu’ici est de constater, sans tristesse ni palpitation, que je ne ressens aucun regret. La nostalgie ne fonctionne qu’à distance.
Les retrouvailles sont à la hauteur des espérances, mais foin du reste. La ville est égale à elle-même, et c’est plaisir de s’y reperdre, mais de là à frémir en reniflant l’odeur du métro...
Mieux encore, je croise parfois mon propre fantôme, dans une rame de métrobus ou à la terrasse d’un café. Je ne lui trouve pas toujours bonne mine.
 
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7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 15:30
Aéroport de Newark, NYC, 13h40
 
Retourner à México et tenir un carnet, voilà qui (me) donne à penser. S’il est un endroit que j’ai couru et parcouru ces dernières années, c’est bien la ville de México. Et, alors que je commence à être sûr que les images, lieux, bruits et odeurs que j’ai tant perçus ces dernières années ne s’effaceront jamais totalement, bref, alors que je vis toujours un peu là-bas en mon for intérieur, j’y retourne physiquement.
Qu’est-ce que je vais faire là-bas, le jour même où les vacances finissent en France, et qu’aucune affaire urgente ne m’y appelle? Je ne pars pas sur un coup de tête, puisque mon billet fut acheté en juillet dernier. Encore que l’achat même tenait sûrement de l’impulsion : il n’était pas cher, monsieur le juge, mon client n’a pas résisté.
Soit. Mais pourquoi? Pour moi ou pour les autres. Pour être lu ou pour écrire? Pour aller là-bas ou simplement ne pas être là?
S’il s’agissait de voyager, ça ne tiendrait pas vraiment : je n’ai même pas fini de traiter mes photos d’Iran. Ne parlons pas du voyage lui-même!
Et le Mexique, est-ce encore tellement le voyage, pour moi?
Je ne sais même pas encore où je m’enfuirai une fois sur place. J’ai une vague vision, oui, d’aller prendre quelques inspirations au bout de quelque endroit, désert, volcan, presqu’île... Mais où, pas tellement d’idée. J’ai parlé du nord. On verra.
Au moment où j’ai validé mon paiement, j’ai ressenti quelques picotements de doute. A l’origine, il fut -brièvement- question d’un Festnoire. Bien sûr, j’en eusse été, quoi qu’il pût arriver. Mais cette perspective vite écartée, le désir était réveillé. Puis, le billet pas cher...
La réalité est peut-être autre. Je calmai mon picotement en m’imaginant fêter mon doctorat de septembre par un voyage sur une terre que, bon an mal an, j’aime.
Ca tient. Un peu.
En corollaire rôde une perspective : ces dernières années m’ayant habitué à voyager, à toujours avoir un billet d’avion en attente, il m’en faudrait un. Alors quoi, l’art pour l’art, pourquoi pas le voyage pour le voyage?
S’agit-il d’une bonne vieille esquive, une manière de feinter l’éventuelle déprime post-doctorale? Je l’ignore. Je ne crois pas, je ne le ressens pas, mais... peut-être ainsi que cela advient?
Dans le doute, fuyons un peu.
La vraie raison, -que je crois chercher encore- est peut-être un mélange de tout cela, auquel se sont ajoutés de vrais bons motifs concrets, matériels et financiers.
Et, pas la moindre des choses, l’envie de retrouver quelques-uns et quelques-unes de ceux que j’aime et qui me manquent chaque jour.
Platitude : la vie est courte. Parfois, il vaut mieux remettre les remords à plus tard, voir s’ils viennent.
 
***
 
En attendant, je suis de retour sur le sol américain, le temps d’une correspondance. La dernière fois, c’était un coup de vent sur la route de l’Iran, il y a dix-huit mois. Barbu, je n’éveillais pas la méfiance des douaniers US. Aujourd’hui, un deuxième visa iranien plus tard, et bien que nettement moins barbu, je suis questionné très sérieusement.
L’Amérique, comment va-t-elle? Newark est friendly. On est à New-York, ça se sent.
Les présentoirs dégorgent à présent d’ouvrages présentant des points de vue violemment opposés sur l’Irak et sur Bush.
Certains titrent encore leurs ouvrages “Pourquoi l’Amérique va gagner la guerre”.
Bon, mais ils savent. Le cinéma a commencé à changer de ton, semble-t-il en revalorisant l’intervention au Vietnam pour recréer une nostalgie des “temps où les choses étaient simples” et mieux stigmatiser les ambiguités du pouvoir qui a osé l’impensable : une invasion.
Rien n’est simple, et c’est, il est vrai, bien triste. Cependant, moi aussi, je suis un enfant de la Guerre Froide! Et je ne me souviens pas de cette simplicité supposée. Rien de moins simple que la chute du Mur de Berlin.
Il est curieux de remplacer la nostalgie d’un âge d’or par celle d’un temps où les conflits étaient simples, ou compréhensibles.
Et en attendant le retour à une identification instantanée des bons et des méchants, des purs et des douteux, de ceux qui font du tourisme là où il faut, et ceux qui vont là où il ne faut pas, on invente des contrôles toujours plus précis, plus efficaces, plus sûrs... Mais qui ne garantissent aucun résultat contre le doute.
Le douanier m’a demandé plusieurs fois ce que j’avais fait en Iran. Je me le demande moi-même. Et bien sûr, j’ai répondu invariablement : du tourisme. Parce que c’est la stricte vérité.
Pourtant, aujourd’hui, le plus suspect, celui que l’on aura le plus de difficultés à comprendre et catégoriser, c’est bien le touriste.
Pourquoi suis-je parti? Pourquoi retourner à México? Pourquoi là-bas? Pourquoi pas ici?...
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