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Mes virées, mes carnets...Bienvenue chez moi. C'est-à-dire nulle part.

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4 octobre 2004 1 04 /10 /octobre /2004 19:01

Allons-y.

J'ai donc emménagé. Déménagé du temporaire appartement de l'Alliance pour une piaule sur un toit. Non, pas sur un toit de tôle odulée au fond d'un barrio rouillé, poussiéreux eet animé par les hurlements des chiens de combats. Dans un quartier calme, paisible, et sur un toit qui est une terrasse. Donc tout va bien, pas vrai?

Comme je le répète à l'envi ici, les bons côtés sont excellents. Indépendance totale, les propriétaires (une dame et son grand, grand, grand fils) sont apparemment trop frileux pour profiter de leur terrasse. Tant pis pour eux, j'ai maintenant mon terrain de jeux. Les palmiers en vue bruissent dans le ciel nocturne, les immeubles se découpent sur les nuages. Les avions vrombissent en me survolant...

Oui, vous avez bien lu. Les avions, ceux qui passent à se racler le ventre sur les gratte-ciels trapus de Mexico pour aller atterrir quasiment sur la place du Zocalo, en plein centre ville.
Et c'est le luxe, ça? Ben... oui. Chaque avion qui me beugle aux oreilles me rappelle celui que je pris et ceux que je prendrai, donc... Un soupçon de romantisme dans le kérosène, et la machine redémarre.

Les mauvais côtés se découvrent toujours après, c'est bien connu. Pour l'instant, ils ne sont pas désastreux. Loin de là, ma position sommitale (dans la maison, donc) m'epargnant tout contact avec le reste de la maisonnée si je le souhaite.  Mais bien sûr, foin des tergiversations, je vous le livre: ma propriétaire est... une propriétaire. Une vraie, du genre qui habite les lieux. Extrêmement sympathique, prévenante, attentivissime à mon bien-être... Et au bon respect des règles de son foyer. Et là, évidemment, ça se gâte toujours. Car, je devais m'être sculpté une belle gueule de bois pour ne pas avoir vu ces effarants quolifichets religieux qui ornent à peu près tous les murs. Vingt Dieux de mes Aïeux! le Christ en authentique ferraille peinte et l'image pieuse scabreuse qui l'accompagnait sur mon mur ont vite été porter leur croix au fond du placard, vous vous en doutez.  Mon Golgotha ne recevra pas de visites scandaleuses, donc. Damned! Adieu la garçonnière, bonjour le séminaire! Toutefois, Javier,autre locataire, vénézuélien élevé au Canada (le tournis de la mappemonde. Il a donc choisi le juste milieu ou peu s'en faut), invite sa gentille fiancée jusque dans son sanctuaire, lui! Oui mais lui, ça fait bien longtemps qu'il est avec cette jeune fille etc...  Idem du téléphone, qui ne marche que dans un sens pour moi: pour appeler, je garde une griffe jalouse et aiguisée sur celui de l'Alliance. Mais pour recevoir, vous pouvez vider vos comptes en banque sans retenue, je vous ferai passer le numéro un de ces jours.

Le plus cocasse date d'hier soir. Bon, la señora a bien compris que le coup de rouvrir la fenêtre de salle de bains que j'avais dûment fermée, ça m'avait un peu fâché. Du coup, elle rampe en toutes circonstances.
Et de me réexpliquer pour la millième fois déjà pourquoi, comment, quand et diable sait quoi d'autre, elle avait mis son règlement au point. J'écoute, patiemment, souriamment, etcemment. Puis je lui dis, avec un de ces grands rires discrets que vous me connaissez, que ses règles ne me posent aucun problème! Aucun Ningun!
Ah?! vous dites vous, mes bons amis? Mais que, quoi?
C'est pas lui, ça!  Mais si. Car j'ajoute dans le même rire: "ne t'inquiète pas (ici on tutoie tout le monde), si tes règles, pour une raison ou pour une autre, ne me conviennent plus, je partirai!"


Eh ben les amis, l'effet ne se fit pas attendre.
Décomposition faciale à peine contrôlée, elle me redit (encore.....) que l'essentiel pour elle est que je me sente bien et tralala. Aucun problème lui dis-je, puisque si ça ne me plaît plus je décampe en moins de trente secondes.  Voilà la clef, livrée un cheveu (celui qui n'atterrit pas dans la soupe que je faisais chauffer en même temps)plus tard. C'est que voyez-vous, je suis une aubaine. Parce que la brave dame, eh ben elle tire le Diable par la queue (je m'abstiens de tout commentaire égrillard mais maintiens néanmoins mon expession)!
Qu'elle a failli la vendre, sa bicoque! Et que sans la location de trois chambres, c'est la soupe populaire qui n'existe pas ici! Et que je serais son "angel de la guardia" si je lui trouvais un autre locataire!
Pour la piaule qui reste désespérément vide... Et moi de continuer à rire devant ses comparaisons religieuses... Dorothy Haze a pris du plomb dans l'aile, elle bosse dans une banque et sa Lolita s'appelle Hugo, mesure 1,90 et fume comme un pompier.  Quant à l'Humbert Humbert que je suis, laissez-moi vous dire qu'il ne serait pas surpris de voir les règles s'assouplir, des fois qu'il souhaite changer de mode de vie, et donc de turne... (pour les allusions de ce paragraphe, reportez-vous à Lolita, chef d'oeuvre de Nabokov, ou à sa version Kubrickienne: la séquence de visite de la maison Haze devrait vous enchanter.)

J'ai bien ri. J'en ris encore. Voilà ce que c'est que de traiter un mois de caution (mexicain, je l'admets) par le mépris. Voilà que d'un coup, la hache se dote d'un second tranchant. Et voilà surtout que le propriétaire, par nature retors et fourbe, se prend à trembler. "Dis-moi Raphaël, quel est ton point de vue? Pourquoi certaines personnes ne reviennent pas après la visite?" Tu veux la réponse? Hmmmm? Non, je me la garde, j'en ris trop.

Sur ce, cher amis, je vous laisse déguster la vue que j'avais depuis l'appartement précedent et temporaire. Pas vilain ma foi. Faudra bien que j'arrive à grimper un de ces sommets, nom de d'là!


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