Gens de nuit
Nous sommes revenus. Il le fallait bien. Impossible de rester cloîtrés dans un hôtel quand le monde nous attend. C'est l'une des règles du voyageur : ne descendez pas dans un hôtel trop confortable. Vous devez sortir. L'idéal est un hôtel sans TV ni Internet.
C'est le soir, et nous reprenons la seule direction possible : plein est, droit sur le souk. Nous y avons repéré un restaurant dont le toit constitue la terrasse ultime.
Le soir, le souk de Damas est beaucoup, beaucoup plus vivant. Agité, nerveux, bruyant. On y achète et on y vend toujours, bien sûr, mais on y traîne, on s'y détend, on s'y rencontre.
L'une des attractions légendaires est ce marchand de glaces.
Grand succès.
Je sais que cette photo est loin d'être parfaite, mais elle me rappelle le visage le plus souriant de la Syrie. A une époque où une glace couverte d'éclats de pistaches était la grande affaire d'un soir à Damas.
Nous y rencontrons nos presque seuls interlocuteurs syriens. Ces deux jeunes filles nous offrent la conversation classique et tant attendue sur notre visite. Il était grand temps d'un sourire.
En rentrant à l'hôtel, après notre festin, l'ambiance est retombée d'un coup.
La promenade est terminée, place aux dernières affaires du jour. Ventes peut-être sauvages dans les allées du souk fermé, passants se hâtant vers leurs foyers.
Ces marionettes veillent encore un temps, pendues aux colonnes du temple de Jupiter.
Seul le trafic semble inchangé. J'ai toujours eu la sensation que tandis que le monde s'en va coucher, un peuple nomade continue d'arpenter les veines et les artères de la planète pour la maintenir en vie. Paradoxe.