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Mes virées, mes carnets...Bienvenue chez moi. C'est-à-dire nulle part.

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8 avril 2006 6 08 /04 /avril /2006 17:50
 

Keysheh, 19h40.


 


Voyager ouvre les portes du bizarre, c’est entendu. Voyager avec un camarade multiplie généralement les opportunités de voir se manifester les plus curieuses créatures et personnages, produisant des situations toujours plus fantaisistes. Bien. Cela étant entendu, connu et éprouvé, rien ne me préparait à voyager avec le spécimen le plus étrange que l’Iran ait jamais connu, et surtout en ce contexte géopolitique : l’un des rares Américains présent sur le sol national, remarquable pour l’une de ses lubies récurrentes : le prêche enflammé et non-sensique en arabe littéraire, dans les endroits les moins prévisibles. Quelques photos seront nécessaires, car il est difficile d’imaginer qu’1m95 d’américain, index levé, sourcil froncé, regard furieux, maudissant à peu près tout et surtout n’importe quoi, déclarant tout un chacun infidèle, jusqu’au beau milieu d’un restaurant, et dans les rires francs des gens du cru. Mais que fait la police? Elle s’interroge sur la longueur des téléobjectifs…

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8 avril 2006 6 08 /04 /avril /2006 17:49
 

08h45, Abyaneh.

Ça y est, selon H., le 40° jour après le saccage du site de Samarra (Irak) étant passé, on peut à nouveau se réjouir, rigoler et plaisanter. Ouf! L’ambiance était pesante… Quelque part, sans doute, du moins. Nulle part jusqu’ici en tous cas. Sans même me laisser tenter par la généralisation, H. n’étant sans doute pas le plus représentatif, je dois avouer que : on me l’aurait pas dit, je l’aurais jamais su, qu’ils étaient en deuil, ces braves gens-là. Ils cachaient sacrément bien leur douleur. Enfin, je l’avais su avant, mais j’avais complètement oublié. Ce qui semble confirmer encore un peu la grande distance entre le discours et le images d’une part, le peuple d’autre part, pour qui la vie continue, toujours. Une vingtaine d’années plus tard, j’ai la confirmation de ce que je supposais, tentant alors de me rassurer : oui, il existe d’autres Iraniens que les barbus sévères de la télé. Tous les Perses ne se lèvent pas le matin en pensant à la destruction du voisin. Une grande part d’entre eux en a sans doute autant à faire des déclarations du président imprononçable que les Français de l’affaire des HLM de Paris. Il serait intéressant de comparer les conversations villageoises d’ici et de là-bas, où que soit le là-bas. Ne parle-t-on pas plus de cet affreux jojo de Bush dans les campagnes françaises, mexicaines ou boliviennes qu’ici? Peut-être pas pour les dernières citées, mais…

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7 avril 2006 5 07 /04 /avril /2006 17:47
 

23h35, Village d’Abyaneh.

Nuit difficile, pluie, vent, mais pas froid. Redémontage de tente express, mais trop tard, le vent en a soufflé une. L’idée de H., fixer les tentes sur le toit de la cabane, n’aura tenu que le temps d’une rafale.

Désert de sel. Que dire sur le désert qui n’ait été déjà dit, écrit, filmé, chanté, rêvé, accompli, parcouru, couru, regretté…Le désert cristallise probablement la plus grande masse de clichés, de platitudes (évidemment, me dira-t-on), et d’espoirs chez le voyageur, contemporain ou non. On ne cherche pas à se mesurer avec le désert, contrairement aux montagnes, aux océans même. Le marcheur moyen rêve de désert, non pour lui-même, mais pour la concrétisation de ses désirs de solitude, nés eux-mêmes de (ou en même temps) ses premières sensations de marcheur. Or le marcheur est généralement un promeneur avant de se faire aventurier. La douce solitude, la clarté de pensée qui nait au rythme du bruit des pas, qui la recherche sur des jours, ou des semaines? Le désert ne se parcourt que peu à pied. Il est dangereux, insidieux, trompeur, mortel. Il étire ses vues, raccourcit les distances, distord les perspectives et donne au marcheur une confiance tragique dans ses forces.

On parcourt le désert en voiture, à grande vitesse, et on n’en retient que peu l’immensité. Le désert devient donc un fantasme de marcheur en repos, de rêveur sédentaire. Triste mais sans aucun doute inévitable. Désert de sel, désert de sable, désert de roche. Le plus surprenant du désert demeure la vie qui le peuple. Ici un caravansérail, là des chameaux, certes, mais là encore un élevage de chèvres dont le berger nous montre, amusé, le résultat obtenu au gré des unions entre chèvres domestiques et chèvres sauvages, ou là enfin, cette exploitation de gaz ou de sel, on ne saura jamais, totalement abandonnée en apparence, loquetée, cadenassée, rouillée, laissée à la corrosion des vents blancs et de la pluie dévorante, et pourtant, probablement utilisée une partie de l’année : des patates oubliées commencent seulement à germer…

Abyaneh, autre monde. Les montagnes d’Iran telles qu’on aime à les montrer, rouges, ocres, jaunes, enflammées d’un rai de soleil sous un ciel noirâtre. Le désert peut disparaître en quelques heures, juste le temps de croiser un car de jeunes filles dansant à perdre haleine.

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7 avril 2006 5 07 /04 /avril /2006 13:23
Toujours en Iran!



Décevant pour vous en tous cas Parce que je ne pourrai pas encore vous régaler de récits truculents et délirants, faute de temps de connexion. Sachez quand même que je m'amuse beaucoup, c'est un vrai délire permanent, les gens sont vraiment charmants, et tout est sujet à découverte et grande aventure.

 
Je sais, c'est bien mystérieux tout ca... Mais promis, dès que je peux, je vous raconte tout.
 
En tous cas, tout va parfaitement bien, après trois jours de désert et de lac salé, nous sommes à 2300m, au village d'Abynieh. Montagne demain, mais rien de méchant, et ensuite, direction Ispahan.
 
J'embrasse ceux, et surtout celles que j'embrasse d'habitude, et j'envoie la poignée de main fraternelle habituelle aux autres.
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6 avril 2006 4 06 /04 /avril /2006 17:45
 

14h01. Caravansérail.


En attente de mollahs en vacances. Ascension d’une dune mouvante, émouvante et éprouvante ce matin. Roland marmonne et psalmodie son arabe littéraire, H. cause avec un vieux gaillard qui a déjà parcouru la route de la soie (sur laquelle nous sommes!) jusqu’à l’Afghanistan. Notre ami H. a coupé la musique qu’il offrait à la maigre troupe il y a quelques minutes, en prévision de l’arrivée desdits mollahs. Présence intéressante d’un colvert parmi les volatiles qui peuplent l’oasis. Roland espère que les mollahs vont arriver bientôt pour enfin utiliser son arabe, vu que les religieux sont les seuls à pratiquer la langue, du moins à le faire volontiers. J’avais raison (Roland : “Contre qui?” Moi : “Contre le monde”) d’apprendre le persan.

L’endroit est peuplé d’une poignée de militaires pas tout jeunes et plutôt détendus. J’ai noté un seul “jeune” de moins de 25 ans, chapelet à la main… Tous ces messieurs, moustaches, barbes de quelques jours, se sont montrés plus que courtois, invitations au thé, à manger… Mon bredouillage pathétique en persan les ravit, et aide à briser la glace. Question sur ce que je pense de George W Bush, pirouette de ma part : “Je suis français, et comme tout Français, je n’aime pas Bush.” Sourires. H. confesse qu’il déteste ces mollahs qui vivent de l’argent du pétrole. Remarque : il semble que les Iraniens soient assez “physiques”. Je note beaucoup de contacts, peu de distance, des appositions de mains pour appuyer les propos.

Arrivée des mollahs.


Fuck you mollah!”, crierait plus tard H., tourné dans la direction de l’oasis, se mettant à l’aise, sur le toit d’une exploitation de gaz désaffectée, c’est-à-dire qu’il tombait pantalon et chemise pour mieux danser sur la musique pulsée par la voiture couverte de sel. Des mollahs qui viennent prendre le soleil dans une oasis, c’est bien. Un ayatollah qui vient parler d’hydrologie en mangeant son kebab, c’est mieux. Un gros con de la police secrète, appelée “renseignement”, ou plus simplement Hezbollah, , qui vient nous chercher des poux dans la tonsure, c’est l’extase.

Cortège réduit, trois jeeps 4x4 flambant neuves, une pour chaque groupe : mollahs, militaires et police secrète. Les quelques braves vieux faisaient déjà cuire le kebab apporté spécialement pour l’ayatollah. H. nous explique que c’est de la bonne nourriture, pas précisément l’ordinaire de ces pauvres bougres. On installe l’ayatollah sur des coussins après les bises rituelles, et il commence à deviser, apparemment de tout et de rien. Officiellement, du moins. Bien entendu, de la voiture de la police secrète sort un quadragénaire rond, mal rasé comme seuls les hommes d’actions peuvent l’être, et se dirige, souriant, vers notre propre coin. Salutations cordiales, poignées de mains échangées avec Roland et moi, béfarmâhid-asseyez-vous, et il se tourne directement vers H. qui entame les palabres, souriant et ferme, pas le genre à se laisser marcher sur les orteils, même pas des godillots du Hezbollah. On sent l’habitué de ce type “d’incidents”. Le sentiment d’une comédie s’installe vite, autant chez nous que chez les lieutenants du nouveau venu. Dans une situation pareille, -nous ne savons pas encore que la longue barbe qui a déjà commencé à alterner une bouchée de kebab avec quelques phrases sentencieuses est un ayatollah-, moi, je serais à sa place, au type rond, ben je ferais mettre tout le monde à poil pour commencer. Un Américain et un Français, barbus, jeunes, couverts d’appareils photo, coooooomme par hasard sur le lieu de pique-nique de l’un des 50 ayatollahs du pays? Mouais, allez allez, pas d’histoires, suivez-moi au poste… Eh ben là non, le ton monte, bien sûr, mais paresseusement. Le rond ne regarde presque jamais H. dans les yeux, et prend par moments l’attitude stéréotypée du flic, quelle que soit sa nationalité : phrases récitées d’un air désolé, c’est pas moi qui fait la loi, fatalisme agressif, faudrait pas voir à trop pousser mon petit monsieur. Le plus surprenant est H., qui ne se démonte pas, et se fâche tout en modulant, à l’évidence, à la perfection le ton qu’il a le droit de prendre. Tout ça sous l’œil hilare de deux sbires du flic, apparemment pas désolés de voir leur patron reculer piteusement. Car finalement, H. nous demande, à la demande du flic, si nous avons des téléphones satellites et/ou des appareils photo avec des téléobjectifs. Ouarf ouarf ouarf, ça pue la question apprise. Pas besoin d’un tel matériel pour tirer le portrait de m’sieur l’ayatollah.

Les vraies questions auraient dû être tout autres, mais apparemment, nous n’avions pas affaire à un maître flic. Finalement, le rond s’éloigne, il aura sans doute gardé le sentiment du devoir accompli, c’est tout.

Pendant ce temps… Roland échafaude un plan, sur lequel il m’offre un droit de veto : offrir des pâtisseries syriennes à l’ayatollah en échange d’une conversation en arabe littéraire. Je le soupçonne d’avoir emporté quelques boîtes de ces pâtisseries spécialement pour apprivoiser des mollahs. Un peu gelé, le garçon. H. ne le lui conseille pas, l’ayatollah ne les mangera pas, et de plus, il n’a pas vraiment envie de faire de cadeaux à l’enturbanné. Il nous explique que le rond l’a accusé de ne pas nous surveiller, nous qui sommes les ennemis du pays. H. a répondu que le tourisme devait être soigné pour améliorer l’image du pays. Le flicard lui a répondu que le pays n’avait pas à se préoccuper de ça, que nous sommes des ennemis, et pis ch’est toute.

C’est alors que l’un des braves types de tout à l’heure vient nous voir, armé d’un sourire et d’une longue brochette à kebab enveloppée de viande cuite et d’une large tranche de pain. Je lis dans ce geste la fameuse hospitalité iranienne, ainsi que la volonté de nous témoigner qu’ils nous avaient à la bonne, qu’ils ne nous prennent pas plus pour des ennemis que ça, et puis quand bien même, ils ne pourraient pas faire grand-chose, non vraiment, c’est pas un kebab partagé qui changera le cours des choses, pour ces gars-là. Comme des centaines d’autres gardiens du caravansérail avant eux, ils n’ont que faire de nos croyances, nos origines ou nos idées : ils nous offrent un gîte, le couvert et de l’eau.

H. achève sa conversation avec la moustache blanche du pèlerin de la route de la soie, à qui appartiendraient les lieux (paie pourtant pas de mine, le bonhomme, dans son pantalon traditionnel, noir et flottant), et qui ne porte pas vraiment les mollahs dans son cœur : des feignants qui passent leur temps à bouffer et parler, mais n’en foutent pas une rame et décident de tout pour tout le monde. Comme notre nouvel ami, l’ayatollah spécialiste de l’eau au nom de dieu, mais sans la queue d’une connaissance précise en la matière. La comédie s’étend, donc, d’un flic qui se contente d’une réponse monosyllabique à un ayatollah qui ne connaît queue de chique à ce qu’il dirige.

Nous levons le camp. Peu avant, traînant à l’ombre, nous voyons arriver un car rempli de jeunes femmes, voilées diversement, brandissant des appareils photos, riantes et bruissantes. Un pique-nique concurrent et éminemment plus sympathique. Le contexte vire au surréel : un ayatollah, des uniformes, un vieillard maître du désert, un gros flic du Hezbollah, un Américain, un Français barbu comme un mollah, des jeunes filles pépiant comme toutes leurs sœurs de par le monde (mais qui ne nous adresseront jamais un regard, on n’est pas en Amérique Latine)… Et des canards. Et tout ce monde perdu au milieu du désert iranien, pendant que quelque part, des scientifiques jouent avec des atomes.

Le plus beau tient dans la conclusion : juste avant de faire hurler l’autoradio et le moteur de notre jeep, une vétéran de la guerre contre l’Irak, H. s’entretient avec le chauffeur du bus des jeunes filles : l’ayatollah leur a fait proposer par un sbire de les entretenir doctement des femmes et de la religion… Elles ont refusé! Peut-être plus symbolique qu’autre chose, mais j’en ris encore.

Quelques heures plus tard, H. danse en slip sur le toit de la cabane où je piquerai le caillou de prière traditionnel du chi’isme, la musique hurle, nous nous tenons les côtes en imaginant les réponses des jeunes filles à la proposition (“De la religion? Encoooore?”) Nous sommes au beau milieu d’un paysage lunaire, le lac salé du Dasht-e-Kavir, la tempête menace, le vent et la pluie vont bientôt nous rattraper. “Fuck you mollah…”

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5 avril 2006 3 05 /04 /avril /2006 17:43
 21h40. Caravansérail, près du lac Namak, le lac salé du Dasht-e-Kavir.


Bon, et nous y voilà donc, quelques jours après, en plein désert. Le silence est absolu, autant qu’il se doit. Je ne suis pas plus impressionné que ça par cet aspect, ayant connu les délices du bivouac sur neige et glace. Toutefois, quel bonheur de n’entendre rien. Aucun de ces bruits absurdes (car inutiles dans la plupart des cas), censés faire le charme de Mexico, et de la plupart des grandes villes, selon leurs défenseurs.

Il y a trois jours, au sommet du World Trade Center de Mexico, dans le restaurant-café giratoire qui offre un point de vue panoramique sur le sud de la ville, nous chantions “For he’s a jolly goodfellow”, avec l’accent de circonstances, entre amis choisis, et aujourd’hui j’ai retrouvé la peau du nomade qui dort d’un sommeil léger en moi.

En même temps, “nomade” n’est ici que forfanterie de voyageur. Je suis en Iran, et alors? Je ne suis ni seul ni le seul. C’est un pays, voilà tout. J’y suis et le quitterai. J’ai compris en regardant les rues de Téhéran et de Kashan que la Bolivie, ou peut-être sa découverte, me manquait. C’est sûrement le meilleur moment pour moi, l’immersion, le dernier moment d’inquiétude. Après, on s’habitue, et on se blase sûrement.

Même ici. Majid m’a surpris hier à l’aéroport, et soulagé par son humour, tant la contact avec les cons de douaniers était refroidissant. Comment peut-on être douanier?

Et gnagnagna, allez vous faire tamponner le passeport… Je sors, guette Roland, commence à mettre en déroute les chauffeurs de taxi vampiresques, Majid me trouve et me tombe dessus en contrefaisant le taxi avide : “What do you need?”, mort de rire qu’il est le gars.

J’en tartinerai encore longtemps sur les Iraniens lorsque j’en connaîtrai plus. Attendons de vérifier qu’ils sont bien tels qu’on les espère.

Et le désert, donc. Fichtre que c’est beau, et surprenant. Quelques dunes. De la toute petite végétation. L’immensité qu’on ne voit pas mais qu’il faut s’imaginer. Ce beau désert ne m’impressionne pas encore, mais je l’admire. C’est déjà ça. Je suis au-delà du dépaysement.

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5 avril 2006 3 05 /04 /avril /2006 13:20
Ok, nous sommes bien en Iran, quittons Téhéran dans quelques minutes, direction le désert pour trois jours. récit suivra...
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4 avril 2006 2 04 /04 /avril /2006 17:37
 

Iran 2006




ou : “En Perse avec Roland, et Michel de Montaigne”.


“Usted va a Iran? Que horror!”

L’employé du guichet qui prend mon billet, lundi 03.



Amsterdam, 09h11.


Mexico, Amsterdam, Téhéran. Avions, aéroports, guichets, hôtesses, tickets, hublots, passeport, enfants qui cognent contre le siège de devant (le mien), dame bizarre (thaï? qui, frustrée de ne pouvoir glisser ses pieds jusque sous mes coudes depuis le siège arrière à cause de ma réaction outragée (qui était, elle, restée sans effet sur le moutard susmentionné), se met donc à boxer mon dossier sur la dernière partie du trajet.

Peux pas m’empêcher de penser à Grand-mère.

L’Indien, vautré comme moi dans un “comfortable seat” du Schiphol d’Amsterdam (vue sur les pistes!), commence à ronfler.

Étrangement, m’aura fallu du temps avant d’attraper le crayon. Ça m’est venu tout à l’heure, au-dessus de l’Atlantique Nord : t’es blasé, mon vieux. Quand j’étais petit, parcourir la moitié du monde d’un seul coup m’aurait fait drôlement bicher, comme dirait (sûrement) Cédric Urbaniak. Et là, je sors de mon deux-pièces de Mexico, je prends le métro machinalement, aéroport Benito Juarez, avion, avion, avion… Plutôt bien dormi ces jours précédents, pas ou peu de stress… Relirai mon carnet mexicain de 2004, pour sûr qu’on y frémit plus.

Blasé, alors? Déjà un an depuis les “tribulaciones” boliviennes. C’était aut’chose, à stade équivalent! Le grand frisson, l’aventure, le solo… Serait-ce ça? Suis-je seulement blasé? Sont-ce deux ans de surréalisme mexicain qui m’ont épuisé l’étonnomètre?

Et puis, là, ça me chatouille. C’est pas encore grand-chose, je crois, mais… Un genre de Saïd Saïdi, mon vieux copain en exagéré, barbe à la poitrine, djellaba intégrale avec capuche, le vrai croque-mitaine des mouflets d’un Bush, vient de s’installer pas loin. Je finis par formuler l’idée : est-ce bien raisonnable? Non, donc oui. L’aurais-je planifié de moi-même? Non. Il fallait le grain de folie supplémentaire qui crée l’émulation des gaillards de cette famille, bref, la proposition délirante du “frère retrouvé”.

Il y a une quinzaine de mois, ce chameau de Roland est à Mexico. Moi, je me dis “c’est bath”, mais sans hystérie. J’adore le petit gars, mon cousin, plus jeune que moi d’une huitaine d’années, sans vraiment m’en rendre compte. Il a fallu, une fois n’est pas coutume, une virée montagnarde pour que se fasse la lumière et se soudent les liens. Que de conversations, de rires et de surprises dans cette semaine de janvier 2005! Bien simple, comme un roman-feuilleton ù le héros, se croyant orphelin, se découvre une lignée. Je connaissais ses qualités, et je voyais le planisphère se piqueter de ses drapeaux, mais là… Un type de première, voilà ce qu’il était. Et de la famille encore! Curieux de rencontrer un gars génial qui partage vos aïeux, et se rappelle avec bonheur des misères que vous lui avez faites.

Alors bien sûr, quand une semaine après, le bon géant (dans les deux mètres, quelque chose comme ça) m’appela à Mexico et lança, hilare : “Qu'est-ce que tu penses de l’Iran?”, j’ai bien réfléchi deux secondes avant… d’accepter!

Concluons. Pas si blasé, juste plus serein, même pour aller faire des entrechats au bord du gouffre. Je pense à Grand-mère. Avant le grand départ pour Mexico, elle et moi, une belle fin d’après-midi d’août 2004, après une balade au Bois des Vaseix. On parle enfin du sujet qui nous occupe et nous préoccupe tous deux. Je lui explique, pour moi c’est plus si loin le Mexique, et suis pas sûr d’y rester, et puis faut bien rire un peu, et d’ailleurs elle en convient bien volontiers, avec son bon sourire “qui s’en doutait”. “Oui, en somme, c’est comme dans Gargantua, quand les lieutenants demandent à Picrochole : “Pourquoi partir si loin?, et qu’il répond : “Eh! Pour revenir!””Rire. Acquiescement. La pendule sonne le dîner.

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13 février 2006 1 13 /02 /février /2006 14:06

Hors de question de voir l'autre saligaud étaler ses
réussites hivernales en toute impunité!

Depuis plusieurs mois déjà, le dénommé Guillaume me bombarde de ses récits et de ses photos, et je devais rester les bras croisés. Eh bien c'est terminé. Ma saison a commencé hier, et elle n'est pas prête de s'arrêter.

Nous partîmes deux, et sans renfort du tout, nous étions toujours deux, assez secoués faut le reconnaître, en terminant. En terminant quoi?
L'ouverture de la Directissime Franco-Mexicaine de la Petite Malinche. Ah mais! Rien que ça.
Bon, rien de si impressionnant en vérité, il s'agissait pour moi de mettre un terme à une obsession vieille d'un an déjà, depuis que Rrrrolando, mon cher cousin, m'avait enmmené sur la Malinche, superbe belvédère dont je vous avais sans doute conté les merveilles. J'y retournai deux fois, une avec l'ami Fabrice, et l'autre avec Matt et Fred, dans les mois qui suivirent. Sur le chemin de cette grosse bête volcanique, le marcheur est toujours trompé au sortir de la forêt fraîche et abondante qui borde le cône effondré. En effet, une belle pointe se dessine, couverte de pierre et d'arbres, dès l'orée du bois. Oui, bien sûr, on voit bien la colline sur la gauche, mais on préfère voir la pointe, plus proche, plus si haute, bien que sacrément escarpée.  La réalité est cruelle, il faut laisser la pointe sur la droite et partir à l'assaut de la grosse colline qui s'achève en promontoire rocheux volcanique, à pas loin de 4200m, et du haut duquel la petite pointe de tout à l'heure ne vous impressionne plus beaucoup.

Mais moi, rien à faire, je regardais les photos, et plus je les regardais, plus je me disais, cette pointe-là, on doit pouvoir y faire quèqu'chose. Je m'étais promis, fût-ce en solo, de venir tenter l'aventure. J'avais repéré un itinéraire pas trop dangereux, ça devait marcher, des blocs en terrasse, bref, pas grand-chose, une centaine de mètres, allez savoir.

Les circonstances plaçant dans ma classe mon bon ami Francisco, grand amateur de cîmes de vant l'éternel, nous finîmes par nous décider, après presque un an, à
tenter une aventure montagnarde ensemble. Ah le bon voyage! Foin des films désastreux destinés théoriquement à vous distraire, alors qu'ils ne font que vous assommer, pendant que le bus se traîne de village en village. Après quelques heures de trajets, la voiture de Francisco nous laissa au point de départ que je connais à présent par coeur, et nous nous lançâmes. Bien sûr, fumeur comme pas deux, Francisco souffrit un peu de la marche d'approche, mais il tint bon, et nous arrivâmes bientôt à la clairière habituelle, celle qui trompe parce qu'on croit que...
Toutefois, cette fois-ci, la météo ne semblait pas de notre côté. Gros nuages gris sombres, peu de vent, température de 08ºC (ça allait baisser par la suite), visibilité médiocre... On s'est dit : approchons-nous, mais si on ne voit rien, on décampe.

On s'approcha, et on vit. Un bel itinéraire qui nous mènerait sur les flancs abrupts et couverts de pins, ou de sapins, ou de quelque chose du même genre, j'y connais goutte là-dedans, jusqu'à la roche, peut-être une cinquantaine de mètres avant le sommet. 

Et nous y allâmes. Adieu chemin, bonjour aventure. La pente se redresse, on y met les mains, on retrousse ses manches, on souffle, on accuse l'altitude, l'absence de sentier, on en bave, on s'accroche aux arbres, mais on arrive finalement au pied de la falaise. Froid, humide, venteux, tout ça fait encore hésiter en son for intérieur, mais que diable. On s'équipe, on sort la corde, chausse les chaussons, règle le baudrier, boit une gorgée, grignote un morceau, et Francisco se lance. Première longueur herbeuse, arrivée dans une caverne. Idéal pour un ourson. Je le rejoins, lui enjoins de partir sur la gauche, longer des blocs énormes et complètement instables, et sortir au-dessus. Pas rassuré, il donne l'assaut et réussit l'opération. Je le suis, un peu fatigué par le froid, mais vaillant. Je sens confusément que cette roche, sablonneuse et friable, ne demande qu'à dégringoler, et qu'il faudra sortir rapidement de la voie. Je rejoins Francisco, on tient conseil. N'est décidément pas rassuré, le collègue. Je pars en tête, constate que deux chemins s'ouvrent, à droite et à gauche, aussi peu engageants l'un que l'autre, mais nettement plus tentant qu'une attaque frontale, dans cette rocaille tenue en équilibre par le sable volcanique, du pilier incurvé qui nous surplombe à présent. Ce sera une question de temps. Je fais monter Francisco, ne lui laisse pas  trop le temps d'y penser, et je propose d'aller explorer le chemin de gauche, qui masque un précipice, ou la voie de la sortie. Une longue traversée de 25m, au-dessus des arbres, du vide, et cette sensation de friabilité, toujours... Les pieds ne tiennent pas, les mains ne trouvent rien de bien solide, la seule option est de se faire léger. Et ça marche! On peut effectivement peser moins de la moitié de son poids si nécessaire.
C'est en tous cas l'impression que nous partageons, la paroi et moi. Une fois au bord, le précipice est au rendez-vous, mais une cheminée le surplombe. Au-dessus, quelques mètres plus loin : la sortie, je l'espère. Francisco me rejoint, conquis lui aussi par l'idée que le retour serait pire que continuer. Une fois encore, moins stables qu'auparavant, je continue rapidement, enchaîne les glissades et les petites chutes de pierre. Au détour d'un bloc, je sors, retrouve le chemin. Francisco est là cinq minutes plus tard, après avoir fait s'effondrer quelques dizaines de kilos de roche sous lui. 
Nous soufflons, nous félicitons et redescendons. Je ne broderai pas sur la sensation d'ouvrir une voie, même petite, même impraticable, même sans doute déjà visitée d'une manière ou d'une autre (À un endroit, un verre trahissait une présence humaine. Diable!). Nous pensons juste à ce délice de sentir qu'avec la technique, la volonté et le sang-froid nécessaire, nous sommes passés.

Les photos suivront.

Bonjour à tous!

R

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20 septembre 2005 2 20 /09 /septembre /2005 14:00

Ok, Mexico, c'est le surréalisme, c'est délirant, c'est fou, et on ne sait jamais à quoi s'attendre.

Aujourd'hui, choses vues et leçon de choses. Je ferai court, comme ça, les grincheux qui m'ont reproché de faire trop long ne pourront pas se défiler.

À rebours, ce matin. Le nouveau metrobus fonctionne à merveille, même si son fonctionnement-même semble avoir été pensé pour créer les dysfonctionnement qui feront hausser les sourcils des étrangers et les épaules des Mexicains. Tout est moderne, sauf, par exemple, le compostage du billet: On doit le déchirer à peine acheté, sous les yeux déja fatigués de la grosse dame qui écoute la musique qu'on subissait auparavant dans les peseros (Note de l'auteur aux nouveaux lecteurs: Le pesero, littéralement "à un peso", était un bus, de n'importe quel type, de n'importe quelle taille, dans n'importe quel état de fonctionnement sauf correct, conduit n'importe comment par n'importe qui. Un ancêtre des conducteurs de peseros est responsable d'avoir estropié Frida Kahlo. Je ne commenterai pas plus avant.). Le déchirer! Alors que quand on possède, comme moi depuis peu, une carte moderne, on n'a qu'à la présenter devant une borne électronique, qu'on se croirait dans les bureaux de la CIA.
J'étais donc dans mon pesero, à un feu rouge, à regarder d'un air morne et blasé le ballet des mouflets vendeurs de trucs. Soudain, j'en vois un qui se vautre sur le capot d'une voiture rouge frime. Ng? Que va-t-il faire? Supplier vraiment fort? Lècher le pare-brise? Dessiner dessus? Se dresser sur ses petites pattes et interpréter un numédo de claquettes, au grand dam du conducteur? Non, soyez déçus: Il lava d'une main, d'abord mousse puis essuyage, avant d'encaisser deux misérables pesos. Rat de conducteur!
Le gosse t'avait aussi fait le capot, de son T-shirt crasseux!

Plus tôt dans la matinée, je fus traité d'ordure. Mais pas par n'importe qui, pas par ma colocataire, maquilleuse trop exubérante, parce que j'aurais entamé un élevage de cafards dans ma chambre, non, par la concierge. Peut-être ai-je déja mentionné l'existence de cet être ignoble, braillard (Ah, les conversations à tue-tête sur le palier... le balai racloir sur le toit (Fabrice, t'en souvient-il? ça ne me plaît pas beaucoup...)... les rectifications importantes (On ne dit plus Buenos Dias à partir de 12h01 pétantes, apparemment, vu la manière dont cette naine glauque m'a repris ce jour-là).), mais je dois dire que je ne m'en lasse pas. Soyons clairs, je ne pense pas que son élimination physique me poserait grand cas de conscience. Omnipresente, bornée comme une mule (Savez-vous que les tarés qui hurlent au gaaaaaz tous les matins dans ma cour, personne dans l'immeuble n'en veut, mais que la vieille dinde continue de les accueillir à bras ouverts? Elle s'est fait secouer
dans la réunion de copropriété, mais elle oublie aussitôt), haïssable au dernier degré, elle a pour habitude de frapper à toutes les portes deux fois par matinée en couinant "Basura"! parce qu'elle entend la cloche fatidique des éboueurs (un autre de ces bruits si typiques de Mexico qui ne me feront jamais pleurer de nostalgie si je quitte un jour la ville). Jusque là, on avait un accord. Elle couinait, mais pas pour nous. Nous, les ordures (basura, donc), on s'en occupait nous mêmes. Mais voilà, ma charmante colocataire a dû avoir un moment de faiblesse, et elle laisse la vieille dinde frapper et prendre nos ordures pour les offrir aux éboueurs tintinabulants. Trahison! Elle frappe donc au milieu de mon petit déjeuner, et je l'ignore intégralement, petit ricanement de mépris dans ma tasse de thé. Et puis je passe à autre chose, quand je ne fais rien je fais toujours quelque chose et j'en suis fier. Mais tout à coup, dring! Enfin, greurk, plutôt, c'est le bruit que grince la sonnette, qui devrait donc s'appeler la grincette. Greurk, donc, grince la grincette. À demi-nu, en train d'exécuter une flamme du dragon contre deux ennemis imaginaires au milieu de ma chambre, je baisse ma garde, redesends la jambe, et m'interroge. Qui? Personne ne sait que je suis ici, à part une poignée d'élèves, ces saligauds de l'assurance retraite mexicaine qui m'avaient finalement retrouvé après de longues recherches (j'avais gagné six mois en leur donnant un faux nom et un numéro de téléphone bidon), et... et c'est tout.

Qui peut sonner? Bon, je me doute que ce n'est pas pour moi, et, animé par le mince espoir qu'une des modèles de Playboy maquillée par ma colocataire vînt
saluer sa camarade de travail ( et ne trouvant que moi, me saluât en lieu et place), je réponds donc. Je décroche et lâche un "bueno" pas trop engageant. En réponse: "Basura!" (Ordure!). J'ai reconnu la voix de la fouine instantanément, ce qui fait que je lui ai raccroché au nez. Tout de même, ç'aurait été une autre voix, je me serais inquiété.

Terminons par le meilleur.
Il y a quelques jours, rentrant d'une dure journée de labeur, le sourire aux lèvres, la joie au coeur, la fatigue aux yeux et le cartable à la main, je me hâte vers mon antre. 21h fuit déja l'avancée de sa grande soeur 22, et bien que mon quartier soit des plus calmes, on préfère son chez-soi ou les chats ne sont pas tous gris, puisqu'on peut y allumer la lumière. Je marche donc, pas élastique et rapide, un oeil au sol pour éviter les trous, racines, flaques et cafards qui font la routine et le charme de la promenade pédestre mexicaine, l'autre oeil sur le lointain de ma destination, pas trop engageant, cet oeil-là, histoire de décourager tout malandrin inférieur en poids et taille à votre serviteur (la moyenne de taille du Mexique étant plus que modeste, je prierai les costauds récipiendaires de ce mail de ravaler leurs ricanements au fond de leurs gosiers). Soudain, un quidam! Bon, dès le premier coup d'oeil, il sent bon le quidam. Pas le coupe-jarret, le petit crapaud à tête couverte de gel, cheveux sculptés en queue de canard, air torve et regard fuyant, ni le colosse à crâne rasé et tatouages saillants sur des muscles expressifs. Non, le quidam type, pas d'âge, pas de style, une cravate et un gros sac en bandouilère. Un genre de mormon sur le retour, qui aurait fini ses arbres généalogiques une fois pour toutes. Il marche vite, comme moi, et me toise, comme je le toise. Bon, moi, je le toise méchant, mi-pour éviter la confrontation mi pour la rigolade (on ne s'attend pas souvent à une agression de la part d'un crypto-mormon hors-d'âge (ils sont jeunes et blonds, celui-là était entre deux âges et entre deux calvities)). Et on se croise, vite, donc. Je fais deux pas et me fige. Il a lancé dans la nuit mexicaine cette étrange question: "Te gusta la musica clasica?". ("Tu aimes la musique classique?").  Merde, oui, mais, comment...?
Et au fait, de quoi je me mêle? J'étais donc pas menaçant? Et puis pourquoi il interroge? Non, enfin je veux dire...
Et moi, buse que je suis, je reviens sur mes pas, un oeil sur son visage toujours pas souriant, l'autre sur ses mains qui extirpent un disque emballé de son gros sac (vous vous souvenez? Il avait un gros sac). J'en suis encore à me poser quelques questions formelles, comme "c'est qui ce mec? Comment? Pourquoi? Pourquoi moi? Pourquoi TOUJOURS moi?", qu'il est déja parti à débiter son baratin de vendeur de chewing-gums  dans le métro, qu'ils (ils? Quels ils? L'histoire ne le dit pas. Un Canal historique des mormons repentis? Des musiciens religieux, ou l'inverse? Ou une secte de promeneurs nocturnes et mélomanes, missionnaires urbains de la culture classique?) arpentent les rues de la colonie une ou deux fois la semaine pour placer quelques modestes galettes numériques,et participer ainsi, je suppose, à l'édification des masses. Et de me coller dans les pattes une compilation d'extraits de Mozart, en me promettant, si je préfère, d'en faire autant avec du Beethoven (j'aurais préféré, mais là n'est pas la question). Il parle, il parle, il parle, j'hésite une seconde entre le double-nelson et la donation, avant que le bougre m'annonce le prix: 200pesos, soit 100 de nos francs de jadis, donc faut pas charrier, c'est pas le prix d'une compil' de supermarché, m'sieu, j'aime bien les rencontres nocturnes insolites, mais plutôt du genre bien balancées, et puis qui me dit que vous n'allez pas boire mes pesos au lieu de les consacrer à la cause, que je n'ai toujours pas bien saisi, hein?
Bref, je lui claque le fameux "j'ai pas un rond sur moi, mais la prochaine fois, vous pensez bien...". Il fait franchement la gueule, marmonne le traditionnel "ah ben oui alors, la prochaine fois", reprend ses disques et tourne les talons, disparaît dans la nuit. 
Dites, mes chers happy fews, ceux qui me rendent visite, vous pourriez pas être là dans ces cas-là? Je commence à douter de mes facultés...

Ah ben mince, j'ai encore fait long. Désolé. Oh puis non, pas désolé.

En guise de PS: mes amitiés renouvellées aux nouveaux amis, et nouveaux récipiendaires de ce mail. 

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